Zacharie 10,3 – 11,3

« Je les ferai revenir, je les rassemblerai »

Saint Augustin

Discours sur le psaume 125, tome II, p. 987s

          Je les ferai revenir, je les rassemblerai, ils s’élèveront. Et où s’élèveront-ils, sinon à cette Jérusalem du ciel qui est notre mère à tous ? Comme elle est du ciel, elle est éternelle. Quant à celle qui fut sur la terre, elle en était seulement l’image. Aussi est-elle tombée, tandis que l’autre subsiste. L’une a subsisté pendant qu’elle devait prophétiser l’avenir, l’autre possède l’éternité de notre réparation. Bannis pendant cette vie de cette cité bienheureuse, nous soupirons pour y retourner ; le labeur et la misère seront pour nous jusqu’à ce que nous y soyons rentrés. Toutefois, les anges, nos concitoyens, ne nous ont point abandonnés dans cet exil, mais ils nous ont annoncé que notre roi viendrait à nous. Et il est venu et a d’abord été méprisé par nous, puis avec nous. Il nous a enseigné à supporter ce qu’il a supporté, à souffrir comme il a souffert ; il nous a promis de ressusciter comme il est ressuscité, nous montrant en lui-même ce qu’il nous fallait espérer. Si donc, mes frères, avant l’avènement de Jésus-Christ en sa chair, avant sa mort, sa résurrection, son ascension au ciel, les Prophètes, qui sont nos aïeux, soupiraient après cette cité bienheureuse, quel doit être notre désir d’aller où il nous a précédés, et d’où il ne s’est jamais retiré ? Pour venir à nous, en effet, le Christ n’a point abandonné les anges. Il est demeuré toujours avec eux, et néanmoins il est venu à nous ; il est demeuré avec eux dans sa majesté, il est venu à nous dans sa chair. Mais, hélas, où étions-nous ? S’il est appelé notre Rédempteur, nous étions captifs. Où donc étions-nous captifs, pour qu’il vînt nous racheter ? Où étions-nous retenus ? Chez les barbares ? Le diable, avec ses anges, sont pires que les barbares ! C’est en leur pouvoir qu’était le genre humain ; c’est de leur main qu’il nous a rachetés, sans donner ni or, ni argent, mais son sang précieux.

          Demandons à saint Paul comment l’homme était tombé dans cette captivité. Car il est l’un de ceux qui gémissent le plus dans cette captivité, qui soupirent après la Jérusalem éternelle, et il nous a enseigné à gémir  par ce même esprit dont il était comblé quand il gémissait lui-même. Toute créature, nous dit-il, gémit jusqu’à présent et souffre les douleurs de l’enfantement. Saint Paul gémissait donc, et tous les fidèles gémissent, attendant la rédemption, la délivrance de leur corps.