Galates 5,1b – 25

La liberté chrétienne

Père Jules Cambier

La liberté chrétienne selon saint Paul, Lumière et Vie, n°61, p. 27s

           La connaissance spirituelle du fidèle conditionne la perfection de sa liberté spirituelle. L’exercice de celle-ci suppose une force intérieure qui est un don de l’Esprit. L’action de l’Esprit empêche la liberté chrétienne de devenir une tendance au perfectionnisme : le spirituel sait qu’il doit désormais servir la justice nouvelle et que les fruits de celle-ci se manifestent par toutes sortes de bonnes œuvres ; mais il sait aussi que les bonnes œuvres sont un don préparé par le Père, et que le sacrifice saint et vivant qui lui est demandé est de vivre le don de Dieu dans la patience eschatologique. C’est dire qu’en prenant conscience de sa faiblesse, il n’en est pas abattu : en effet, parce qu’il a la foi, il sait que, pendant cette période eschatologique qui durera jusqu’à la venue glorieuse du Christ, la force de l’Esprit passe à travers sa faiblesse ; exerçant la vertu de force sous la forme de la patience, il pratique la vertu des temps eschatologiques, en attendant la parfaite liberté en même temps que la gloire, lors de la parousie du Seigneur. De cette manière, la pratique du bien chez le spirituel ne peut devenir du perfectionnisme. Par ailleurs, l’humilité-douceur, qui la conditionne, l’empêchera d’être une tendance possessive cherchant à dominer les autres. De fait, le spirituel, doux et humble, ne saurait s’approprier les droits de Dieu ; étant au service de ses frères, il les aide sans bousculer leur personne et en respectant leur liberté. En tout cela, la force du spirituel est la monstration de la force de l’Esprit à travers sa faiblesse. Aussi loin de vouloir dominer et régenter la vie spirituelle de ses frères, l’apôtre spirituel, parce qu’il est parfaitement libre, est capable de préférer le renoncement à ses propres droits et de pratiquer une charité parfaite afin de favoriser l’édification de l’Eglise du Christ.

          On le voit, il n’y a pas d’opposition entre la douceur-humilité à l’imitation du Christ et la force de l’Esprit : ce sont deux notes complémentaires de la liberté spirituelle. Dans le même sens, la docilité aux traditions de l’Eglise et la soumission à l’autorité ecclésiale, deux exigences de l’édification de l’Eglise, ne contredisent pas la liberté spirituelle, mais sont une manière normale de la pratiquer.