Actes 23,12-35  Jean 16,23-28

La victoire sur le monde

Père Paul-Marie de la Croix

L’Evangile de Jean et son témoignage spirituel, p. 469s

           Pour les hommes qui ne sont pas seulement dans le monde, mais qui lui appartiennent, le monde est la seule réalité dont ils aient conscience et à laquelle ils se sentent accordés. Il en va autrement pour Jésus, et aussi pour les siens. Le Christ n’est pas dans ce monde qu’en passant, et comme en exil. Il est venu dans le monde, envoyé par son Père, et il y a accompli ce pour quoi il a été envoyé ; mais son œuvre achevée, il le quitte pour retourner au Père : Je suis sorti du Père et venu dans le monde. Maintenant, je quitte le monde et je vais au Père.

          Ces constantes références à son Père, comme à son origine, à sa qualité d’envoyé, à une mission qu’il est venu accomplir, et qui, une fois terminée, lui permet de retourner là d’où il est venu, créent chez les apôtres, et doivent créer en tout chrétien une vision où réalités du temps et réalités d’éternité sont en communication et en liaison intime ; les réalités du temps ayant leur retentissement dans l‘éternité ; celles de l’éternité pénétrant et transformant celles du temps.

          Cependant, passer des unes aux autres n’est possible qu’au prix d’une lutte, d’un combat, d’une tension, car il n’est pas naturel en l’homme d’être dans le monde et de n’être pas du monde.

          Tout l’évangile johannique est marqué par cette opposition entre ceux qui sont du monde, de ce monde dont Satan est le chef, et ceux qui sont de Dieu, et qui, nés de Dieu, sont enfants de Dieu. Opposition qui s’exprime dès le Prologue en termes de lumière et de ténèbres, et qui ne cessera plus de s’affirmer tout au long du texte évangélique.

          Cette tension ne cesse pas, bien au contraire, avec le départ du Christ, car l’objet de notre foi, son auteur et celui qui le mène à la perfection, n’est plus ici-bas, mais il est retourné à son Père.

          Parvenu sur l’autre rive, il nous attire, nous appelle, et il semble que nous entendions la voix du premier-né d’entre les morts, dans les mots de l’apôtre Paul : Recherchez les choses d’en-haut, là où se trouve le christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en-haut, non à celles de la terre, car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu.