Matthieu 6, 1-18

La miséricorde divine

Saint Césaire d’Arles

Sermons au peuple, SC 243, p. 85

        Il y a dans le ciel une miséricorde à laquelle on parvient par l’exercice des miséricordes sur terre. C’est pourquoi, frères, hâtons-nous de prendre dans ce monde la miséricorde divine comme protectrice : efforçons-nous de tout notre pouvoir de l’aimer et de lui rendre toujours dignement honneur. Quelle soit notre avocate, notre protectrice, qu’elle daigne plaider notre cause devant le tribunal du Juge éternel, qu’elle daigne intercéder pour nous, et nous présenter elle-même au Juge éternel. Si elle nous y accompagne, elle nous défendra de l’accusation du diable et nous introduira dans la béatitude éternelle.

        C’est la miséricorde céleste qui dira au jour du jugement : Venez les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume, car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger… Quelle est cette miséricorde céleste ? La vraie miséricorde céleste, c’est le Christ, notre Seigneur. Quelle est douce et bonne la miséricorde qui d’elle-même est descendue du ciel et s’est humilié pour nous relever ! Le Seigneur a été frappé pour guérir nos blessures, il est mort pour nous libérer de la mort perpétuelle, il est descendu aux enfers pour nous ramener au ciel, il est monté aux cieux pour ériger notre espoir dans le ciel. Qui pourrait, en effet, louer dignement une si grande miséricorde ? Qui pourrait exalter avec de dignes louanges une si grande bonté ?

        Il ne lui suffit pas d’être descendu pour nous, d’avoir goûté la mort et d’être ressuscité. Il a promis qu’il serait avec nous jusqu’à la fin des temps, comme il le dit lui-même dans l’Evangile : Voici, je suis avec vous chaque jour jusqu’à la consommation des siècles. Voyez, frères la bonté du Seigneur : il siège désormais à la droite du Père dans le ciel, et cependant il daigne encore peiner avec nous dans le monde. Il ne dédaigne pas d’avoir faim avec nous, d’avoir soif avec nous, d’avoir froid avec nous, d’être étranger avec nous et même d’être jeté en prison avec nous et de mourir comme nous : J’ai eu faim, nous dit le Seigneur, j’ai eu soif, j’ai été étranger, j’ai été malade, j’ai été en prison et vous m’avez visité.

        Voyez, frères par quel amour pour nous il est poussé, pour daigner subir tout cela pour nous par une ineffable charité. Car cette véritable et céleste miséricorde, c’est-à-dire le Christ notre Seigneur, nous a créés alors que nous n’existions pas, il nous a cherchés alors que nous étions perdus, il nous a rachetés alors que nous étions vendus cruellement. Aussi, frères, nous qui avons été cherchés et trouvés, cherchons celui qui nous a tant aimés qu’il a bien voulu accepter pour nous même la mort sur la Croix.