2 Corinthiens 1, 1-14

A vous, grâce et paix

Saint Jean Chrysostome

Homélie 1 sur les deux lettres aux Corinthiens, OC 16, p. 313s

        Que la grâce et paix vous soient données par Dieu le Père et Jésus-Christ notre Seigneur. Oui, frères, grâce et paix à vous, sanctifiés et appelés, qui demeurez à Corinthe, mais encore à tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de Jésus-Christ, leur Seigneur comme le nôtre.

        Si la paix vient de la grâce, pourquoi vous enorgueillir ? Doit-on avoir de si superbes pensées quand on est sauvé par grâce ? Si vous êtes en paix avec Dieu, pourquoi vous donnez-vous à d’autres ? C’est toujours se séparer. De quel avantage vous sera l’accord avec tel ou tel homme, et sa faveur ? Ce que je désire, c’est que ce soit Dieu qui vous accorde ces deux choses, et qu’elles se rapportent à lui comme elles en viennent. Elles ne se maintiendront même pas sans le secours d’en-haut ; si ce n’est pas pour Dieu qu’elles existent, elles seront sans utilité pour nous. De quoi vous servira d’avoir la paix avec tout le monde si nous sommes en guerre avec Dieu ? Et quel mal avons-nous à craindre de la guerre que tout le monde nous ferait si nous sommes en paix avec Dieu ? Mais aussi, tous les hommes auraient beau nous donner des louanges, que nous n’y gagnerions rien si nous avions encouru la disgrâce du Seigneur ; ils auraient également beau nous avoir tous en aversion et nous poursuivre de leur haine, que nous n’aurions à courir aucun danger si Dieu nous approuve et nous aime : la grâce et la paix véritables ne viennent que de Dieu. Celui qui possède une telle grâce ne craint personne, quelques maux qu’il ait à souffrir ;  non seulement il ne craint pas l’homme, mais il ne craint pas le diable lui-même. Quand on offense Dieu, c’est tout le contraire, on est en défiance vis-à-vis de tous, quelque sécurité qu’on puisse avoir. La nature humaine est variable et changeante ; ce n’est pas seulement les amis et les frères qui changent ainsi, les parents eux-mêmes, souvent pour un bien léger motif, se sont mis à détester ceux auxquels ils avaient donné le jour, leur ont fait une guerre implacable, les enfants à leur tour ont repoussé leur parents.

        Comment obtiendrons-nous de plaire à Dieu ? Et de quelle autre façon que par l’humilité ? Dieu résiste aux superbes, est-il écrit, et donne sa grâce aux humbles. Un esprit brisé par la componction est un sacrifice à Dieu, Dieu ne rejettera pas un cœur humilié. Si l’humilité plaît tant aux hommes, combien plus ne plaira-t-elle pas à Dieu ? L’humble est aimé de tout le monde. Il vit toujours en paix, ayant supprimé toute occasion de guerre. L’accableriez-vous d’insultes et d’affronts, qu’il garderait le silence et le supporterait avec douceur ; quoi qu’on lui dise, il est d’un calme que rien ne saurait exprimer, si bien qu’il reste en paix avec tous, et surtout avec Dieu.