Ezéchiel 37, 15-28

Jésus marche entre deux mondes

Jean Vanier

Ouvre mes bras, p. 87s

        Deux morceaux de bois ayant des inscriptions sont à réunir ; il s’agit de réunir ce qui est divisé, Juda et Israël.

        Jésus est Celui qui a marché entre deux mondes annonçant la Bonne Nouvelle de l’Amour divin. Il est venu donner l’espérance au triste et au misérable, mais aussi à celui qui est satisfait de lui-même ; souvent, en effet, le riche est dans l’ignorance, s’enfermant dans un monde de possessions, de cherche du pouvoir, parce qu’il a peur, peur de la rencontre, peur de l’autre, peur de perdre son style de vie. Il ne sait pas qu’il est capable d’aimer et de vivre avec l’autre, avec les autres.

        Jésus est Celui qui a marché entre ces deux mondes, appelant les pauvres à la vie, faisant comprendre aux riches qu’ils sont dans un chemin qui conduit à la mort, enfermés dans ses richesses, dans l’ambition, dans le pouvoir, s’il ne s’ouvre à l’autre, aux différents de lui.

        Jésus est Celui qui s’est mis entre Lazare et le riche, entre le lévite et le pauvre homme frappé par les brigands et qui gisait à demi-mort sur la route, pas loin de Jéricho.

        Jésus est Celui qui s’est mis entre la femme prise en adultère et les pharisiens qui brandissaient des pierres voulant la lapider. Jésus est Celui qui s’est mis entre le pauvre homme qui se mettait à genoux au fond du Temple, pleurant ses péchés, n’osant pas regarder devant lui, et le pharisien, imbu de lui, se mettant debout en avant, et disant à Dieu : Regarde-moi, tu dois être fier, content d’avoir créé un être aussi beau, aussi bien que moi.

        Jésus est Celui qui est venu unifier ces deux mondes… Qu’ils soient un comme toi et moi, Père, nous sommes un, qu’eux aussi soient un en nous.

        Jésus, il faut le regarder et le suivre marchant, courant, navigant, respirant entre ces deux mondes, malade d’aimer, caché dans le sein du Père, ayant soif, soif de donner la Vie.

        Et avec Lui, par Lui, en Lui, Il m’appelle à marcher moi aussi entre ces deux mondes, à donner la vie, à donner ma vie. Il m’appelle à donner l’espérance aux petits et aux faibles, à partager mon pain avec eux, à les héberger, à délier le joug de leurs souffrances, à les ouvrir vers la liberté et à la confiance ; il m’appelle à vivre avec eux, à leur faire connaître l’amour du Père. Il m’appelle aussi à tendre la main aux satisfaits, aux repus, aux suffisants, aux rassasiés.

        Puisse ainsi le mur entre ces deux mondes  tomber, afin que naisse une vraie fraternité, et que tous pénètre, par une grâce de l’Esprit, dans le Royaume de Dieu.