Je crois à la résurrection de la chairPaul VI

Cardinal Hans Urs von Balthasar

Credo, p. 109s

        Il est essentiel que Jésus montre ses blessures : mains, pieds, et, chez saint Jean pour l’incrédule Thomas, son côté. Et cela, en aucune manière seulement pour son identification, les disciples d’Emmaüs le reconnaissent à la fraction du pain, mais pour apporter la preuve que toute la souffrance terrestre est transfigurée jusque dans la splendeur de la vie éternelle. Aucune souffrance n’a été si profonde et aucune n’a eu un sens aussi définitif que la Croix du Seigneur. En aucune manière, elle ne peut être dépassée comme quelque chose de désormais révolu, de livré au simple souvenir : la douleur comme telle, toute douleur humaine, toute souffrance du monde, apparaît ici dans son sens éternellement permanent.

        Le Mystère de l’Eucharistie montre au mieux comment se déroule cette transmutation éternellement valable : Ceci est le calice de mon sang, versé pour vous, et pour la multitude, en rémission des péchés. Cette effusion ne se produit qu’une fois : autrefois, aujourd’hui, et pour l’éternité. Autrefois, déjà dans une sorte d’intemporalité, physiquement et jusqu’au sang, en un événement qui, selon son contenu intime, demeure insurpassable, même dans la transfiguration de la vie éternelle.

       Quelle espérance pour ceux qui souffrent sur terre, et qui, la plupart du temps, ne parviennent pas à trouver un sens à leur souffrance ! Celle-ci est assumée près de Dieu, mystérieusement féconde en Dieu. Souvent, nous chrétiens, nous pensons pressentir dans la souffrance la plus cruelle, incompréhensible à nos yeux terrestres, une proximité mystérieuse avec le caractère absurde et la nécessité cachée de la Croix du Christ. Mais toute la cruauté de l’histoire du monde n’arrive jamais à la hauteur de ce qui, sur le Golgotha, fut l’abandon de Dieu par Dieu ; en cet abandon, tout trouve son refuge et son abri.