Jérémie 1, 1-19

L’appel du prophètePaul VI

Origène

Homélie 1 sur Jérémie, SC 232, p. 203s

Le livre du prophète Jérémie s’ouvre par ces mots : La Parole du Seigneur vint à lui, lui, c’est-à-dire à Jérémie. Et que lui dit cette parole du Seigneur ? Une chose absolument unique, qui n’a jamais été dite aux autres prophètes, il a entendu le Seigneur lui déclarer : Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant même que tu ne sortes de ses entrailles, je t’ai consacré.

Ces paroles montrent en Jérémie une figure du Sauveur qui, dès avant sa conception par Marie, a fait l’objet de cette bonne nouvelle : L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. Et qu’a répondu Jérémie à la parole du Seigneur : Ah ! Je ne sais pas parler !

Toi qui m’écoutes, su tu t’élèves jusqu’au Sauveur, si tu le reconnais comme le Verbe qui était au commencement auprès de Dieu, tu verras qu’il ne sait pas parler, car le langage est une réalité humaine, et ce qu’il sait, lui, dépasse le langage. Si tu compares les langues des anges aux langues des hommes, puisque tu sais qu’il est placé bien au-dessus des anges, tu confesseras qu’il dépasse même la langue des anges étant Dieu Verbe auprès du Père.

Mais quand je parle à de tout petits enfants, je m’exerce à balbutier en me faisant violence, car je ne sais pas pour ainsi dire parler leur langage, je me force à employer les bégaiements des enfants. De la même manière, le Sauveur quand il est dans le Père, quand il se trouve dans la magnificence de la gloire divine, ne parle pas le langage des hommes, il ne sait pas parler à ceux qui sont en bas. Aussi, quand il vient dans un corps humain, ses premières paroles sont-elles pour dire : Je ne sais pas parler Il est un enfant en vertu de sa naissance corporelle, mais un vieillard, en tant que Premier né de toute créature ; un enfant, parce qu’il est venu au temps de l’accomplissement, et s’est rendu présent au dernier âge de cette vie terrestre.

Il déclare donc : Je ne sais pas parler. Je sais des choses trop grandes pour être dites en ce langage humain. Tu veux, Père, que je parle aux hommes ? Je n’ai pas encore assumé la langue des hommes, j’ai ta langue à Toi, ô Dieu, je suis ta Parole, ton Verbe, ô Dieu. A toi, je sais parler, aux hommes je ne sais pas parler, car je ne suis qu’un enfant. Mais Dieu lui répond : Ne dis pas : je ne suis qu’un enfant, car je t’ai établi prophète pour les nations.

Oui, notre Sauveur est vraiment le prophète établi pour les nations ; il a reçu la grâce divine, non seulement à l’époque où il était présent avec son corps, mais maintenant encore où il est présent par sa puissance et par son Esprit, il prophétise sur toutes les nations ; ainsi sa Parole prophétique trouve-t-elle sa réalisation en commençant par les nations païennes, et elle entraîne au salut toute l’humanité.