Luc 17, 11-19

Le Royaume est l’événement Paul VI

Pères Philippe Bossuyt et Jean Radermakers

Jésus, parole de la grâce selon saint Luc, tome 2, p. 384s

La plupart des commentateurs considère ce passage comme la troisième étape du grand voyage de Jésus vers Jérusalem, dont se situe l’annonce en 9,51. Il y est fait mention de sa marche résolue vers la ville sainte et du refus que lui opposent, pour cette raison, des villageois samaritains. Nous retrouvons ici la Samarie, étrangement jointe à la Galilée. Des deux côtés, ces allusions semblent préparer les récits où l’attitude d’un Samaritain est proposée en modèle : le Samaritain miséricordieux de la parabole (10,33-37) et le Samaritain sauvé par sa foi, juste après l’évangile de ce dimanche. Depuis plusieurs chapitres, Jésus révèle sa face tournée vers le Père et tout ensemble vers Jérusalem : le grand voyage est davantage une méditation théologique qu’un itinéraire précis. Sans doute l’envoi des disciples dans un village samaritain, et celui des 72 annoncent-ils la mission universelle dont parlent les Actes des Apôtres, où elle débute d’ailleurs par la Samarie. Dans ces chapitres, il s’agit toujours du dynamisme de l’Esprit-Saint dans la vie de Jésus, dont l’élan devait être poursuivi par les témoins de l’Envoyé.

Il en va différemment ici. La théologie des chapitres précédents se trouve en quelque sorte résumée et actualisée en un verset rédactionnel : dans sa montée vers Jérusalem et son enlèvement vers le Père, Jésus traverse la Samarie et la Galilée, régions considérées comme moins soumises à la Loi, ou moins fidèles que la Judée. On semble donc passer ici de la contemplation à la réalité vécue dans les faits. En effet, le Samaritain rencontré n’est plus un personnage de parabole, mais un lépreux en chair et en os. Par-delà les rencontres de personnes concrètes, Jésus continuera à répondre aux questions des pharisiens et à proposer des paraboles, car il faut assurer la mise en œuvre de la révélation faite. Mais nous sommes cette fois sur une route bien réelle, et cette route mène vraiment à Jérusalem. Jésus devra le rappeler aux Douze inconscients de ce qui se joue. Parallèlement aux mentions de l’approche de Jéricho ou de Jérusalem, Jésus parle à plusieurs reprises de l’entrée dans le Royaume, ou de la venue et de l’imminence de ce dernier. Ceci manifeste que la démarche de Jésus vers Jérusalem, pour y être enlevé, coïncide avec l’avènement du Royaume de Dieu. C’est ce que saisira le bon larron dans son ultime prière.