Amos 3, 1-15

Sagesse de la foiPaul VI

Samuel Amsler

Amos, p. 186s

        Les versets 3 à 8, de la prophétie d’Amos, n’ont aucune formule d’introduction, ni de conclusion : le prophète parle en son propre nom. La cohérence des idées et la régularité de la forme en attestent l’unité : sept interrogations (les versets 3 à 6), deux brèves questions de conclusion (le verset 8), seul, tranche sur cet ensemble, le verset 7 tant par sa tournure positive et explicative que par sa portée théologique.

        Le prophète évoque une série de situations empruntées à divers domaines de l’existence : les voyages, la forêt, la chasse aux oiseaux, la guerre et ses malheurs. Amos ici exploite le genre sapiential qui, comme le montrent tant de proverbes, se plaît à rapprocher et à comparer des phénomènes les plus variés pour en faire apparaître un trait commun. En leur donnant une forme interrogative, Amos sollicite l’assentiment des auditeurs qui se trouvent ainsi pris au jeu à l’instant où survient l’application, au verset 8. Les situations ne sont que des exemples concrets d’une vérité qui, elle, éclaire le sens du ministère d’Amos.

        Le verset 8 révèle le point décisif et très personnel où veut en venir le discours de sagesse d’Amos : le fait que Dieu parle provoque sur lui un effet aussi insurmontable que la frayeur provoquée par le rugissement d’un lion : il est contraint de prophétiser.

        Avant Jérémie et avant saint Paul qui connaîtront tous les deux cette même contrainte de la Parole de Dieu, Amos livre ainsi le secret de son intervention en Israël : c’est une obligation à laquelle il ne saurait se soustraire. On aurait tort d’en limiter la portée au seul événement de sa vocation ; c’est tout son ministère de prophète qui est l’écho obligé de la Parole de Dieu.

        Cet aveu du prophète vise un but précis : que les Israélites, qui contestent son message, fassent donc preuve ici de la même sagesse que dans la vie quotidienne, eux qui savent si bien conclure d’un effet à la cause ou de la cause à son effet ! Qu’ils remontent ici aussi de l’effet à la cause : la présence d’un prophète au milieu d’eux n’est-elle pas la preuve visible que Dieu parle ? De même qu’ils concluent de cette cause à ses effets : les menaces, que Dieu fait retentir par sa bouche, ne vont-elles pas avoir leur effet ?  Le prophète enseigne donc une sorte de sagesse de la foi, non moins logique que la sagesse de ce monde. Que celui qui est sage discerne, dans l’intervention du prophète, le signe de la Parole agissante de Dieu et qu’il en tire les conséquences en prenant cette Parole au sérieux !