Ephésiens 2, 11-22

Tout restaurer dans le ChristPaul VI

Xavier Lecœur

Petite vie de Pie X, p. 81s

 

        Deux mois seulement après son élection, Pie X rappelait, dans sa première encyclique, Avec quelles larmes et quelles ardentes pensées, il avait cherché à se dérober au fardeau. Conscient de sa petitesse, ému de succéder à Léon XIII qui avait gouverné l’Eglise avec une sagesse consommée, le nouveau souverain pontife évoquait aussi une autre raison pour expliquer ses atermoiements lors du conclave. Nous éprouvions une sorte de terreur à considérer les conditions funestes de l’humanité à l’heure présente.

        Que voulait donc dire Pie X ? Que pressentait-il ? A son arrivée, en août 1903, sur le trône de saint Pierre, le monde connaissait pourtant une certaine accalmie, aucun conflit majeur n’était à déplorer. L’Europe elle-même était en paix depuis 1871. Beaucoup étaient persuadés que les progrès de la science, de la technique et de la médecine allaient conduire l’humanité à un âge d’or et que le siècle nouveau serait un siècle radieux.

        Mais Pie X, qualifié par les observateurs de pape religieux par opposition à Léon XIII pape politique, avait décelé une maladie si profonde et si grave qui travaille en ce moment, bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s’aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu’aux moelles, l’entraîne à la ruine. Cette maladie, c’est cette guerre impie qui a été soulevée et qui va se poursuivre presque partout contre Dieu, c’est cette audace et cette rage avec lesquelles on se rue partout à l’attaque de la religion ; on bat en brèche les dogmes de la foi, on tend d’un effort obstiné à anéantir tout rapport de l’homme avec la Divinité.

        Pie X se fixait donc la mission d’y porter remède et de se donner un objectif unique, global, ambitieux : Tout restaurer dans le Christ. Il voulait ainsi annoncer qu’il allait s’attacher, d’une façon inébranlable, à replacer le Christ et la foi chrétienne au cœur de la vie personnelle et sociale de ses contemporains : dans les familles, à l’école, au travail, dans les villages comme dans les grandes villes. Il s’agit de ramener toutes les sociétés humaines égarées loin de la sagesse du Christ à l’obéissance de l’Eglise ; l’Eglise, à son tour, les soumettra au Christ, et le Christ à Dieu.