2 Samuel 11, 1-17 + 26-27

La faute de DavidPaul VI

Abbé Jean Steinmann

David, roi d’Israël, p. 110s

 

         La faute de David, cette histoire n’est que trop commune ! Il ne s’agit pas d’excuser David, ni de le traiter de monstre de perversité ; David n’était pas un saint chrétien. Après sa faute, il fit l’impossible pour ne pas provoquer un drame, et n’en vint au crime que par suite de circonstances fatales.

        Entre la mort d’Urie et la naissance du fils adultérin de Bethsabée, la guerre contre les Ammonites eut une issue victorieuse. C’est probablement dans cette atmosphère de triomphe que Bethsabée mit au monde le fils de son adultère avec David. Cet enfant tomba malade et mourut. L’historien voit dans cette mort une punition divine ; comme Dieu agit directement, le récit, que nous a laissé cet historien de la mort du petit prince, est rendu plus émouvant par l’espoir que David garde jusqu’u dernier moment de fléchir Dieu par sa pénitence.

        Bethsabée donna naissance à un second fils ; Dieu l’aima, nous dit le texte, et le fit savoir par le prophète Nathan. Cet enfant, Salomon, allait être promis à une glorieuse destinée. Alors que de nombreux fils de David avait déjà atteint l’âge d’homme à la naissance de Salomon, c’est ce benjamin qui, une vingtaine d’années plus tard, devra succéder à son père.

        Par suite de cette naissance, l’adultère de David et la mort d’Urie auront de lourdes conséquences sur la politique ultérieure du royaume. Mais, sur le moment, le prestige du roi était tel que l’indignation de Nathan n’avait pas dépassé les bornes d’une semonce privée. David avait reconnu ses torts ; son caractère, dans cette affaire, se révèle passionné et emporté, mais, droit et généreux, sans rien de la duplicité, de l’hypocrisie et de l’absence de scrupules des grands rapaces de la politique. Jusqu’à son extrême vieillesse, David aima Bethsabée, de même qu’il aimera trop ses enfants. Et c’est justement dans cette affection profonde, trop indulgente et trop faible, qu’il sera le plus durement frappé.