Luc 10, 25-37

Le Samaritain miséricordieuxPaul VI

Saint Nicolas Vélimirovitch

Homélies sur les évangiles des Dimanches et Jours de fête, p. 612s

        Un Samaritain arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié. Qui est ce Samaritain ? C’est le Seigneur Jésus Christ Lui-même. Pourquoi le Seigneur se donne-t-il le nom de Samaritain ? Parce que les Juifs méprisaient les Samaritains en tant qu’idolâtres impurs. Ils ne les fréquentaient pas, ni ne parlaient avec eux. C’est pourquoi la Samaritaine avait dit au Seigneur, au puits de Jacob : Comment, toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi qui suis une femme samaritaine ? C’est ainsi que les Samaritains considéraient le Christ comme un Juif, alors que le Juifs L’appelaient Samaritain : N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu es un démon ? En rapportant ce récit au légiste juif, le Seigneur se présente sous l’aspect d’un Samaritain, par humilité  infinie, afin de nous enseigner à nous aussi que, même sous le nom et l’identité les plus méprisés, nous pouvons faire beaucoup de bien, et souvent même plus que des gens portant un nom et une identité imposants et célèbres. Le Seigneur prend aussi l’identité d’un Samaritain par amour pour les pécheurs. Le nom de Samaritain était en effet synonyme de pécheur. Quand les Juifs L’ont appelé Samaritain, le Seigneur n’a pas protesté. Il entrait sous le toit des pécheurs, mangeait et buvait avec eux ; Il a même affirmé clairement que c’est à cause des pécheurs qu’Il est venu dans ce monde, à cause des pécheurs et non des justes ! Mais pouvait-il y avoir un seul juste en sa présence ? Tous les hommes n’étaient-ils pas recouverts par le péché comme un nuage noir ? Et toutes les âmes n’étaient-elles pas meurtries et déformées par les esprits maléfiques ? Le Seigneur se donne le nom de Samaritain pour nous apprendre à ne pas attendre que la force de Dieu se manifeste seulement dans les grandes figures de ce monde, mais à faire attention, avec respect et prévenance, à ce que disent et pensent les petites gens méprisés dans ce monde. Car Dieu se sert souvent des roseaux pour briser des murs de fer et de pécheurs pour faire honte aux rois, comme de ce qui est le plus intime pour rabaisser ce qui est considéré comme le plus important aux yeux des hommes. En se donnant le nom de Samaritain, le Seigneur veut montrer que c’est en vain que le monde attend son salut du puissant empire romain ; le salut du monde, le Seigneur l’a établi au sein du peuple le plus méprisé de l’empire romain, le peuple juif, et parmi les gens les plus méprisés par les Juifs, des pêcheurs de Galilée, qui étaient aussi méprisés par les scribes prétentieux que par les Samaritains idolâtres. L’Esprit de Dieu est libre, le vent souffle où il veut, sans tenir compte des positions sociales, ni de leur considération. Ce qui est considéré comme éminent par les hommes est nul devant Dieu, et ce qui est nul pour les hommes est éminent devant Dieu.