1 Samuel 31,1-4 + 2 Samuel 1,1-16

La fin de SaülPaul VI

Père René Beaupère

Donne-nous un roi, p. 74s

        A l‘aube, la bataille de Gelboé s’engage. Elle tourne mal pour les Israélites dont les troupes se débandent. Les Philistins talonnent Saül et ses trois fils. Ces derniers, Jonathan, Abinadab et Malkishua sont tués l’un après l’autre. Le poids du combat se porte sur Saül ; alors il dit à son écuyer : Tire ton épée et transperce-moi. Mais son écuyer ne bougea pas : il était rempli d’effroi. Saül prit son épée et se jeta sur elle ; son dernier geste fut de la sorte plus le geste d’un homme de guerre que celui d’un héros de la foi.

        Voilà terminée la tragique existence de Saül. Qu’en penser ? Dans le texte biblique, il n’y a pas de condamnation personnelle de Saül par Dieu. C’est le lecteur moderne, soucieux du destin personnel des êtres, et c’est peut-être déjà Samuel qui va dans ce sens. L’Ecriture ne se préoccupe pas du destin personnel de Saül, qui reste connu de Dieu seul. La Bible s’intéresse à la place de Saül dans l’histoire de son peuple, en d’autres termes à sa mission. Elle constate et souligne l’échec de cette mission, échec providentiel puisqu’il ouvre le passage à David, le roi selon le cœur de Dieu.

        Il y a dans le cas de Saül un véritable mystère. Où se situe la responsabilité ? Elle n’est à chercher ni dans l’acceptation de la mission que lui confia Samuel, ni, à proprement parler, dans l’échec de cette mission, mais sans doute dans le fait que Saül s’est cramponné à sa royauté, alors même que le jugement de Dieu lui était clairement signifié, et par la parole du prophète Samuel, et par la venue de David.

        Le destin de Saül nous place devant les choix gratuits de Dieu. De même que Jacob a été préféré à Esaü, et Israël aux autres peuples, de même David a été référé à Saül. Mais, si Dieu n’est pas resté fidèle à Saül, c’est parce que Saül, le premier, n’était pas demeuré fidèle à Dieu, car le maintien de la grâce dépend de la fidélité de l’élu. Saül a préféré écouter la parole du peuple qui l’acclamait et lui dictait sa conduite, plutôt que la parole de Dieu qui lui était signifiée par son prophète. Saül le demandé, Saül le souhaité, Saül le désiré (c’est ce que signifie son nom), est devenu Saül le rejeté, Saül le réprouvé. C’est à la justice et à la miséricorde de Dieu, qui seul sonde les reins et les cœurs, qu’il faut le remettre.