Romains 1, 18-32

La vie en communauté

Saint Basile

Dans la tradition basilienne, Les constitutions ascétiques 18, p. 175s

       La plupart des ascètes vivent dans des communautés où ils excellent mutuellement leurs esprits à la vertu, et, en rivalisant de belles actions, s’entraînent les uns les autres à progresser dans le bien. Ils doivent d’abord connaître l’importance et la grandeur du bien auquel ils ont part.

       Ils reviennent d’abord au bien conforme à la nature, en embrassant la vie communautaire dans une même société. J’appelle parfaite une communauté d’où se trouve bannie toute propriété, chassée toute opposition de sentiments, éloignée toute sorte de trouble, de rivalité, de querelles. Par contre, tout, absolument tout, y est commun : les âmes, les sentiments, tout ce qui nourrit les corps et les entretient ; Dieu leur est commun, commun le commerce de la piété, commune la recherche du salut, communs les combats, communs les labeurs, communes les couronnes ; la multitude n’est qu’une seule et l’individu n’est pas isolé, mais il se retrouve en tous les autres.

       En effet, qu’y a-t-il d’égal à ce genre de vie ? Qu’y a-t-il de plus heureux ? Qu’y a-t-il de plus parfait que ce lien mutuel et cette unité ? Qu’y a-t-il de plus aimable que cette fusion des âmes ? Des hommes issus de nations et de pays différents se sont rejoints dans une identité si parfaite que l’on voit une seule âme en plusieurs corps, et que plusieurs corps apparaissent comme les instruments d’une seule pensée. Celui dont le corps est faible a bien des frères pour compatir à sa faiblesse ; celui dont l’âme est malade et déprimée a bien des frères pour le soigner et le relever, tous ensemble. Ils sont en toute égalité serviteurs les uns des autres, maîtres les uns des autres ; dans une liberté pacifique, ils se soumettent parfaitement les uns aux autres ; cette soumission n’est pas l’effet de la contrainte, ni d’une fâcheuse nécessité qui causerait une profonde tristesse à ses prisonniers ; elle crée au contraire, dans la joie, le libre choix de la volonté : la charité soumet les uns aux autres des hommes libres et garde libre leur volonté.