Luc 3, 1-6

« Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez ses sentiers ! »

Saint Léon le Grand

Sermons XLV, SC 49bis, p. 141s

       Quels sont donc les chemins du Seigneur, quels sont ses sentiers ? Apprenons-le de la prédication de Jean-Baptiste, qui, en promettant les œuvres et les dons de la grâce divine, dévoilait quelles transformations allaient s’opérer, ajoutant ces mots empruntés aux paroles du prophète : Toute vallée sera comblée, toute montagne et colline abaissée. La vallée signifie la douceur des humbles, la montagne et la colline l’élèvement des superbes, selon la parole de la Vérité, Qui s’abaisse sera élevé, et qui s’élève sera abaissé. C’est donc à bon droit que les vallées s’entendent dire qu’elles seront comblées et les montagnes qu’elles seront abaissées.

       Mais pour apprendre plus complètement quels sont les chemins par lesquels nous devons tendre aux biens promis par Dieu, écoutons l’enseignement du prophète David : Tous les chemins du Seigneur sont miséricorde et vérité. Nous n’entrerons en possession de l’honneur de la gloire divine que si l’on trouve en nous la miséricorde et la vérité. Par elles, en effet, le Sauveur est venu à ceux qu’il voulait sauver, par elles les sauvés doivent se hâter vers celui qui les sauve, de sorte que la miséricorde de Dieu nous rende miséricordieux, et que sa vérité nous rende vrais.

       La route de la vérité et celle de la miséricorde ne se séparent jamais. Celui qui est étranger à la vérité n’est pas miséricordieux, pas plus que celui qui ignore la bonté n’est capable de justice. Celui qui n’est pas riche de ces deux vertus ne pratique aucune d’elles. L’amour est la vigueur de la foi, la foi est la force de l’amour. Et toutes deux ne trouvent leur vrai nom et leur vrai fruit que lorsque leur union demeure indissoluble.

       Appliquons-nous donc en même temps et conjointement à l’amour et à la foi. C’est là, en effet, comme le vol très puissant de deux ailes, qui soulève l’âme pure jusqu’à lui mériter de voir Dieu, afin que le poids des soucis charnels ne l’entraîne pas en bas. Car celui qui dit : Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu, dit aussi : Quand j’aurai la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Recherchons avec application ces deux choses, dans lesquelles se trouvent l’enseignement de tous les préceptes, et par lesquelles chaque fidèle en particulier devient un sacrifice en même temps qu’un temple de Dieu. L’une et l’autre sont propres à celui qui aime, l’une et l’autre à celui qui croit.