1 Maccabées 2, 15-28+42-50+65,70

Unie avec le Christ

Sainte Gertrude

Révélations, p. 62, Le Héraut, p. 76

        Ô inaccessible hauteur de de la merveilleuse Toute-Puissance ! Ô profondeur effrayante de l’insondable richesse ! Ô largeur sans mesure de la Charité désirable ! Avec quelle abondance se sont enflés les torrents de nectar de votre Divinité, douce comme le miel ! Pour avoir débordé avec une telle exubérance sur moi, misérable ver de terre, qui ne fais que ramper sur le sable de mes défauts et de mes négligences, pour que je puisse, que je veuille même, dans l’exil de mon pèlerinage, essayer dans la mesure de ma faible capacité les préludes de ces délices si douce, de ces douceurs si délicieuses, qui de l’âme attachée à Dieu ne font plus qu’un même esprit avec lui. Et voilà que cette béatitude, ne se contenant plus, se répand sur moi, petit grain de poussière, et me donne la hardiesse de happer encore quelques gouttes de cette félicité, en la manière qui suit. C’était en cette nuit sacrée où la tendre rosée de votre divinité descendit des cieux sur le monde, en s’y résolvant en une pluie de douceur. Mon âme, telle qu’une toison exposée dans l’aire de la charité toute humide de cette rosée, voulut, en méditant, s’ingérer et tenter, dans un exercice de dévotion, de prêter son ministère à ce divin enfantement, où, tel que l’astre émet le rayon, la Vierge produisit un fils, vrai Dieu et vrai homme. Il me sembla tout à coup qu’on me présentait et que je recevais, comme en mon cœur, un tendre enfant, né à l’heure même, qui certes contenait en lui le don de la suprême perfection, le don par excellence. Et comme mon âme le retenait  en elle-même, il lui sembla tout à coup qu’elle était changée tout entière en une même couleur avec lui, si toutefois se peut appeler couleur ce qui ne peut être comparé à nul objet visible.

De là, mon âme perçut une intelligence ineffable de ces paroles pleines de douceur : Dieu sera tout en tout, alors qu’elle se sentait contenir son bien-aimé descendu dans son sein, et qu’elle se réjouissait de voir qu’elle n’était point privée de la douce présence de l’Epoux. Elle entendit les paroles suivantes : Comme je suis la figure de la substance de Dieu le Père en la divinité, ainsi tu seras la figure de ma substance en l’humanité ; et tu recevras dans ton âme déifiée les émissions de ma divinité, comme l’air reçoit les rayons du soleil. Pénétrée alors jusqu’aux moelles de ce rayon qui doit nous unir, tu deviendras capable d’une union plus familière avec moi.