Esdras 7, 6-28

« Allons à la maison du Seigneur »

Saint Augustin

Discours sur le psaume 121, OC 15, p. 21s

       Le psaume que j’entreprends d’expliquer aspire à Jérusalem même, ou plutôt il exprime les aspirations de celui qui monte, car le psaume est intitulé : Cantique des Montées. Celui qui chante ce Cantique veut donc monter. Et où veut-il monter, si ce n’est au ciel ? Que signifie ces mots : au ciel ? Veut-il donc monter à la hauteur du soleil ou de la lune ? Non. Mais dans le ciel se trouve la Jérusalem éternelle où habitent les anges, nos concitoyens : notre séjour sur la terre n’est qu’un exil loin de ces concitoyens. Nous soupirons dans l’exil ; nous nous réjouirons dans la cité. Mais dans notre exil, nous rencontrons des compagnons qui ont déjà vu cette cité et qui nous invitent à y courir. C’est en eux que se réjouit le psalmiste quand il dit : O ma joie quand on m’a dit : Allons à la maison du Seigneur. Reportons notre pensée sur ce qui se passe lorsqu’on parle d’une fête de martyr et de quelque lieu saint où la foule, à certain jour, afflue pour la célébration d’une solennité ; comme ces masses populaires s’excitent mutuellement ! Comme elles s’y exhortent à l’envie : Allons-y, allons-y. Mais où ? En quel endroit ? Disent les uns. Et les autres de répondre : En tel lieu, en tel lieu saint. On se parle, on s’échauffe, et de l’ardeur particulière de chacun se forme une même flamme, et cette flamme unique, produite par les discours d’hommes qui se sont mutuellement embrasés, les entraîne vers ce lieu saint, et cette sainte pensée les sanctifie. Si donc un saint amour fait ainsi courir les hommes vers quelque endroit de ce monde, quel doit être l’homme qui entraîne vers le ciel des âmes que remplit un même sentiment, et qui disant : Allons à la maison du Seigneur ! Courons, courons, puisque nous arrivons à la maison du Seigneur. Courons sans fatigue, puisque nous parviendrons en un lieu qui ne connaît pas la fatigue. Courons à la maison du Seigneur, que notre âme se réjouisse en ceux qui nous disent de telles paroles. En effet, ceux qui nous parlent ainsi ont vu avant nous cette patrie, et ils crient de loin à ceux qui viennent après eux : Allons à la maison du Seigneur !, marchez, courez. Les apôtres l’ont vu et ils nous ont dit : Courez, marchez, suivez-nous, Allons à la maison du Seigneur. Et que répond chacun de nous : O ma joie, quand on m’a dit : Allons à la maison du Seigneur. Je me suis réjoui avec les apôtres, je me suis réjoui avec les prophètes : tous, ils nous ont dit : Allons à la maison du Seigneur.