Aggée 1,1 – 2,10

Personnalité et message d’Aggée

Père A Deissler

Les Prophètes : Aggée, DBS tome VIII, col. 703-704

       Aggée ne nous est connu que par son livre, lequel éclaire son activité, et par les données du Chroniste, selon lesquelles il a collaboré avec succès, avec le prophète Zacharie, à la restauration du Temple.

       Son zèle pour le Temple n’est pas un argument qui oblige à voir en lui un représentant de ceux que l’on appelle les prophètes cultuels. Il faut tenir compte de la distance qui le sépare du prophétisme préexilique et de la position réservée à l’égard du Temple et de son culte. Pour se faire une idée juste, il ne faut pas perdre de vue le changement de situation et sa totale transformation depuis l’exil. Les grands prophètes, ses prédécesseurs, avaient également fustigé  l’indifférence religieuse et les soucis égoïstes d’existence personnelle qu’Aggée reproche à ses contemporains. Ce n’était pas sans de réels sacrifices qu’on pouvait, compte tenu des circonstances, entreprendre la restauration du Temple ; c’est là un témoignage formel et frappant qu’on croyait aux promesses faites à Sion consignées dans les deux premières parties du livre d’Isaïe, en même temps qu’on prenait au sérieux le précepte fondamental de la charte de l’Alliance. De la même manière que les prophètes préexiliques, Aggée mettait en relief la relation fixée par Dieu entre la faute et le sort du peuple. Aussi désigne-t-il la négligence envers le Temple comme la cause secrète de la détresse et du malheur présents. Dans ses promesses de bénédiction, il poussait la communauté à se convertir et à donner à Dieu ce qui lui revenait, comme l’avaient fait ses prédécesseurs.

       Sa théologie du Temple n’était pas simpliste. La preuve en est qu’Aggée ne visaient nullement aux splendeurs du Temple de Salomon, mais se contentait d’un édifice correspondants aux possibilités de l’époque : ce serait le Seigneur lui-même qui, à l’avenir, lui donnerait éclat et magnificence lorsqu’il produirait le temps du salut. Aggée est un figure typique de restaurateur en tant qu’il n’attend rien d’autre que le rétablissement de l’ancien état de choses ; le peuple de Dieu doit grandir à nouveau dans la fidélité à l’Alliance sous la protection du Temple et de la dynastie de David. En fait, avec Aggée, on retrouve entièrement comme fond de tableau ce qui caractérise la communauté postexilique : le peuple de Dieu se conçoit comme une communauté théocratique dont la Tora délimite les conditions de salut. Le zèle pour la maison de Dieu est le milieu propre de la personne et du message d’Aggée. Là résident à la fois la grandeur et la limite de sa figure et de sa signification dans l’histoire du peuple de Dieu.