2 Corinthiens 4, 5-18

Présence du Christ dans le ministère apostolique

Eugène Walter

La deuxième lettre aux Corinthiens, p. 38

       Avant de présenter tout le paradoxe de sa vie d’apôtre, Paul le résume dans une image d’une parfaite simplicité et d’une grande beauté : le trésor dans un vase d’argile. L’indication de la matière, l’argile, signifie à la fois le peu de valeur du vase, comparé au trésor, et surtout sa fragilité. Le pluriel, des vases, nous permet et même nous oblige à reporter une fois de plus l’essentiel des affirmations suivantes, en apparence si personnelles, à tous les prédicateurs de l’Evangile, à tout homme chargé d’une fonction ecclésiale. En définitive, cela vaut sans aucun doute pour tout homme qui a reçu la grâce divine. Dans la même phrase, Paul livre aussi la clef de ce paradoxe dans lequel notre pensée humaine et profane se barricade. La proposition introduite pas « pour que » exprime l’intention salvifique de Dieu. L’homme se perdrait s’il voulait s’attribuer les succès de la grâce, s’il arrivait à la conviction qu’il est capable d’opérer directement le salut.

       En des esquisses rapides, Paul précise ce qu’il entend par vase fragile. Ces allusions semblent contenir à leur tour des images : celle du combattant mis au pied du mur, celle du gibier poussé à bout, peut-être même abattu, mais pas encore tué. Elles évoquent toutes des poursuites impitoyables, des mauvais traitements avec chaque fois en contrepartie des sauvetages.

Paul ne s’attarde pas plus longuement à son sort. Il lui paraît plus important d’en donner immédiatement le sens chrétien : à travers tout cela, c’est la loi de la vie de Jésus qui s’accomplit en lui. Le terme principal, traduit soit par l’agonie de Jésus, soit par les souffrances de mort de Jésus, ce terme est original. Pourquoi ne dit-il pas, comme dans la plupart des autres passages, la mort  de Jésus ? C’est de toute évidence qu’il pense au destin de Jésus tel qu’il se déroule tout au long de sa vie. Comment expliquer nous portons toujours et partout ? L’origine de ces tribulations est variée, mais elles surviennent selon une loi identique. Elles sont toujours le fait d’autres hommes, mais proviennent en réalité de quelque chose que l’apôtre porte en lui-même: l’union à Jésus qui se manifeste par cette loi. L’homme ne peut mourir qu’une fois, mais d’une certaine manière le chrétien le peut souvent.