Lévitique 19, 1-18+31-37

« Soyez saints, car moi, votre Dieu, je suis saint »

Cardinal Christoph Schönborn

Au cœur du message chrétien, Appelés à la sainteté, p. 222s

 

            Partant de la destinée ultime de l’homme, qui est sa béatitude, saint Thomas d’Aquin a observé les comportements et les attitudes humaines (les actes et les vertus), qui nous permettent à nous, les individus ou la société, d’atteindre, selon une démarche bonne, notre but final, mais aussi les étapes concrètes intermédiaires qui mènent à ce but. Le message chrétien nous enseigne aussi que, de nos propres forces, nous ne pouvons atteindre ni ce but ultime, ni les autres. Sans l’assistance de Dieu, sans sa loi et sa grâce, nous ne pouvons être sauvés. Cela est une stricte vérité de foi. A la question inquiète des disciples, Qui donc peut être sauvé ?, Jésus répond : Pour les hommes, c’est impossible ; mais pour Dieu, tout est possible. Mais, nous avons d’autre part la révélation de cette autre vérité de foi, tout aussi incontournable : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Mieux, par son Fils et en son Fils, Dieu appelle les hommes à devenir, dans l’Esprit Saint, ses enfants d’adoption, et donc les héritiers de sa vie bienheureuse.

            Le Concile Vatican II ne dit pas autre chose quand il parle de l’appel de tous à la sainteté. Le but de la vie humaine est la vie divine. Nous ne trouverons pas notre parfait accomplissement en nous-mêmes, mais en Dieu. Ce n’est qu’en Dieu que nous serons pleinement nous-mêmes. C’est alors que s’accomplit ce que Jésus nous a promis : Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

            Qu’est-ce que la sainteté ? Elle commence lorsqu’il y a une collaboration entre notre agir et l’agir de Dieu, quand nous nous laissons façonner par la Parole de Dieu, et qu’avec son aide nous nous abandonnons à sa conduite. Comment cela se fait-il ? Uniquement en vivant quotidiennement dans la charité et dans l’amour de Dieu.

            Le chemin de la sainteté, de l’amour de Dieu et du prochain vécu concrètement dans toutes les circonstances de la vie, passe par la porte étroite de la croix. Il n’y a pas de sainteté sans renoncement et sans combat spirituel, mais nous ne menons pas ce combat avec nos seules forces. Toute l’histoire de l’Ancien Testament nous apprend que c’est justement lorsqu’il faisait l’expérience de sa faiblesse, que le peuple de Dieu sentait alors la main secourable de Dieu. Ce que saint Paul expérimente n’est pas différent, car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. Devenir saint, cela ne signifie pas faire des choses extraordinaires, mais se laisser dire sans cesse par le Christ : Ma grâce te suffit, car ma puissance se déploie dans la faiblesse. Personne ne peut donc dire : la sainteté est bien trop élevée pour moi !