Nombres 3,1-13 + 8,5-11

La fonction d’enseignant des prêtres

Dom Louis Leloir

Valeurs permanentes du sacerdoce lévitique, NRT 1970, p. 256s

            Les prêtres lévites sont au service d’un sanctuaire. Un texte très clair du Deutéronome mentionne les trois fonctions du prêtre en Israël : Ils ont gardé ta parole et ils retiennent ton alliance, ils enseignent les coutumes et les lois en Israël, enfin ils font monter la fumée à tes narines et mettent l’holocauste sur ton autel.

            Le prêtre est chargé de l’instruction du peuple : il doit lui faire connaitre la Torah. Les tables de la Loi étaient conservées dans l’Arche à la garde de laquelle les prêtres étaient préposés ; tout naturellement, ils étaient les commentateurs de cette parole de Dieu dont ils avaient le dépôt. En annonçant parmi les châtiments futurs que la Loi fera défaut au prêtre, Ezéchiel appellera les prêtres les interprètes de la Loi, c’est-à-dire des maîtres de religion qui, souvent, ne traiteront que des questions de conduite pratique et de culte, mais dont les connaissances devront être suffisamment amples pour que leur enseignement puisse aborder les problèmes les plus élevés. Aussi Osée dira-t-il : Mon peuple périt faute de science. Puisque tu as, toi, rejeté la science, je te rejetterai de mon sacerdoce. Le prêtre doit pouvoir être en Israël un instructeur et un éducateur du peuple. A la différence du prophète, il est moins créateur qu’interprète ; il n’est pourtant pas un simple répétiteur, et l’exercice de sa fonction demande des connaissances plus vastes, car le prophète distribue un enseignement occasionnel, adapté à une circonstance précise, dans laquelle il fait entendre le point de vue de Dieu. Le prêtre en Israël est, au contraire, chargé du très ample dépôt de la tradition : il doit le faire connaître et le transmettre. C’est ainsi que le livre du Deutéronome est fait, en majeure partie, d’homélies sacerdotales.

            La présence des prophètes n’avait pas dispensé les prêtres de leurs tâches doctrinales ; il est pourtant probable que celles-ci n’ont été accomplies que par une élite. L’essentiel était de montrer qu’au moins le portrait idéal du prêtre comportait ces traits.

            A partir de l’exil, la fonction d’enseignement ne sera plus l’apanage des prêtres. Elle sera souvent exercée par de simples lévites, voire par des laïcs, car la profession de scribe et de docteur de la Loi n’est pas nécessairement liée au sacerdoce. L’enseignement, dès lors, au lieu d’être donné dans le sanctuaire, au cours du culte, sera souvent distribué en dehors des célébrations et dans les synagogues. L’importance prise par la profession de  scribe, profession qui comportait l’approfondissement de l’Ecriture en même temps que l’enseignement de la sagesse, amenait les prêtres à se confiner de plus en plus à un rôle cultuel. C’est la raison pour laquelle, le Temple détruit, les prêtres disparaissent et sont remplacés par des rabbins.