Jn 20,1-9

La vie divinisée

Cardinal Jean Daniélou

La résurrection, p. 66s

        C’est dans l’humanité du Christ que la condition glorieuse de l’humanité est inaugurée. C’est l’humanité glorifiée du Christ qui est le principe par lequel la vie glorieuse sera communiquée à l’ensemble des hommes. Cette affirmation est un des aspects essentiels de la foi en la résurrection dans tout le Nouveau Testament. Cette foi signifie d’abord l’événement historique de la résurrection, qui est un événement passé. Cet événement est historique, non seulement parce qu’il est situé dans l’espace et le temps, mais aussi parce qu’il concerne le Christ historique, celui qui a vécu en Galilée et en Judée. C’est lui, dans son âme et dans son corps, qui est l’objet de l’action divine de la résurrection. S’il n’en était pas ainsi, la résurrection ne concernerait pas la réalité historique de la condition humaine. Ce n’est pas l’homme que Dieu a créé qui serait sauvé.

          Mais la foi à la résurrection signifie aussi que le Christ glorifié est une réalité actuelle, que son humanité transfigurée est le principe dont procède toute grâce et toute sainteté. Ceci est déjà l’affirmation de Pierre le jour de la Pentecôte : Dieu l’a ressuscité, ce Jésus que vous avez crucifié, nous en sommes tous témoins. Et maintenant, exalté à la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit-Saint, objet de la promesse, et il l’a répandu. Le texte rapporte d’abord l’événement passé. Puis il passe à l’affirmation présente. L’objet de cette affirmation est que le Christ est actuellement exalté à la droite de Dieu. L’expression est empruntée au psaume 110 ; elle est fréquente dans le Nouveau Testament pour désigner la condition actuelle du Christ ressuscité. Son humanité ressuscitée a été exaltée au-dessus de toutes les créatures par l’ascension, qui représente la suite de la résurrection. Et maintenant, elle siège à la droite du Père, ce qui signifie qu’elle est établie dans une condition divinisée. Mais elle n’est exaltée à la droite du Père que pour être remplie de l’Esprit-Saint, afin de communiquer cet Esprit-Saint, qui est le principe de la vie divinisée.