sur 1 Thessaloniciens 2,13 – 3,13

Benoît d’Aniane et la Règle de saint Benoît

 

Ivan Gobry

Les moines d’Occident, tome 4, Le temps des conquêtes, p. 75s

 

Lorsque le roi Louis le Pieux, fils de Charlemagne, institue Benoît d’Aniane supérieur de tous les monastères de son royaume, c’est par une consécration d’un état de fait : il connaît l’œuvre réformatrice de son ami, il l’admire, il veut la faciliter et l’amplifier. Cette intrusion du pouvoir civil dans les affaires ecclésiastiques, à une époque où le roi était le lieutenant de Dieu, eut un effet tout à fait positif. Il y avait en effet, écrit une chronique, des monastères qui observaient les institutions canoniques, mais ignoraient les préceptes de la Règle. Entendez par là qu’ils ignoraient la Règle par excellence, celle de saint Benoît, et qu’ils ne se référaient à aucun constitution écrite. L’Abbé d’Aniane, obéissant aux ordres du roi, fit alors le tour des monastères d’Aquitaine pour faire adopter le Règle de saint Benoît au nom du roi. Il avait une première fois, avec humilité, pénétré dans un grand nombre d’entre eux, ceux qui appliquaient la Règle, pour mieux l’estimer et s’en imprégner ; une seconde fois, avec zèle, parmi les maisons qui la négligeaient, pour susciter le désir de l’appliquer correctement ; il procède maintenant à une visite canonique, pour la faire connaître à ceux qui l’ignorent et exiger des relâchés qu’ils s’y soumettent rigoureusement. Il procède, non pas avec une autorité hautaine, mais en l’expliquant chapitre par chapitre, confirmant ce qu’ils savaient déjà et éclairant ce qu’ils méconnaissaient. Cette visite se renouvelle plusieurs fois, de sorte que presque tous les monastères d’Aquitaine, au bout de quelques années, se soumettent volontiers à la Règle de saint Benoît.

Il faut supposer que le concile d’Arles, qui siégea en mai 813 fut coprésidé par les archevêques d’Arles et de Narbonne, fit écho aux préoccupations de Benoît d’Aniane. L’archevêque de Narbonne était alors Néfridius, ami de Benoît, et ancien abbé de Lagrasse, au diocèse de Carcassonne, à la limite de celui de Narbonne. Le concile édicta plusieurs canons concernant la vie monastique, et notamment le canon 6 demandant que les moines devaient vivre selon leur institution : leur institution est évidemment la Règle de saint Benoît.