Sur Genèse 3, 1-15 ou Romains 5, 12-21

L’Esprit fait ta splendeur

 

Saint Jean Damascène

Homélie sur la naissance de Notre Dame, 7, 10

 

Aujourd’hui le Créateur de toutes choses, Dieu le Verbe, a composé un  livre nouveau, jailli du cœur du Père pour être écrit, comme avec un roseau, par l’Esprit qui est la langue de Dieu.

O Marie, fille toute sainte de Joachim et d’Anne, qui échappa au regard des Principautés et des Puissances et aux traits enflammés du Mauvais, qui vécus dans la chambre nuptiale de l’Esprit, et fus gardée intacte, pour devenir épouse de Dieu et Mère de Dieu par nature ! Fille digne de Dieu, beauté de la nature humaine, réhabilitation d’Eve notre première mère ! Car, par ta naissance, celle qui tomba est relevée.

Fille toute sainte, belle entre toutes les femmes ! Si la première Eve, en effet, fut coupable de transgression, et si, par elle, la mort a fait son entrée, parce qu’elle s’était mise au service du serpent contre notre premier père, Marie, elle qui se fit servante de la volonté divine, a trompé le serpent trompeur et introduit dans le monde l’immortalité. Femme toujours vierge, qui pus concevoir sans intervention humaine ! Car celui que tu as conçu a un Père éternel. Fille de la race terrestre, tu portas le Créateur dans tes bras divinement maternels !

Réellement, tu es plus précieuse que toute la création, car de toi seule le Créateur a reçu en partage les prémices de notre matière humaine. Sa chair fut faite de ta chair, son sang de ton sang ; Dieu s’est nourri de ton lait et tes lèvres ont touché les lèvres de Dieu.

Merveilles incompréhensibles et ineffables ! Dans la prescience de ta dignité, le Dieu de l’univers t’a aimée ; comme il t’aimait, il te prédestina, et dans les derniers temps il t’appela à l’existence et t’établit mère pour engendrer un Dieu et nourrir ton propre Fils et son Verbe. Merveille qui dépasse toutes les merveilles : une femme est placée plus haut que les Séraphins, parce que Dieu est apparu abaissé un peu au-dessous des anges ! Que Salomon le très sage se taise et qu’il ne dise plus : Rien de nouveau sous le soleil !

Vierge comblée de la grâce divine, temple saint de Dieu que le Salomon selon l’esprit, le prince de la paix, a construit. Il y habite. L’or et les pierres inanimées ne l’embellissent pas, mais, mieux que l’or, l’Esprit fait ta splendeur. Pour pierreries, tu es la perle toute précieuse, le Christ la braise de la divinité.

Supplie-le de toucher nos lèvres afin que, purifiés, nous le chantions avec le Père et l’Esprit, en nous écriant : « Saint, Saint le Seigneur Sabaoth, la nature unique de la divinité en trois Personnes.