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Sur Ezéchiel 8,1-6.16-9,11

L’idole de jalousie

  1. van Imschoot

Théologie de l’Ancien Testament, tome I : Dieu, p. 86s

 

A deux reprises, dans les versets que nous venons de lire, Ezéchiel mentionne « l’idole de la jalousie ». Plusieurs interprétations ont été données sur cette « idole ». La plus courante voit dans cette statue une représentation de la déesse Ashérah ou Astarté. Cette image, placée dans le Temple de Jérusalem par Manassé, enlevée par Josias lors de la réforme de 622, avait pu être réintroduite sous Sédécias et placée au nord de la porte. L’abomination qu’Ezéchiel découvre était donc la présence de cette statue, une idole de la jalousie.

La jalousie des dieux est un thème fréquent dans toutes les mythologies. Les dieux, qui sont représentés comme des personnes, réagissent passionnément contre quiconque tente de s’approprier ou met en danger leurs privilèges, leur souveraineté, leurs possessions ou leurs amours. En ce sens, la jalousie est un sentiment de défense de la personnalité du dieu et est commune aux divinités de toutes les religions anciennes. Cependant, on a dit avec raison que la jalousie est un trait tout à fait caractéristique de Dieu parce que, dans l’Ancien Testament, elle exprime le plus souvent le caractère exclusif du Dieu d’Israël, lequel ne souffre aucun rival, ni même aucune image divine, parce qu’il est un « Dieu jaloux » qui prétend se réserver à lui seul l’adoration et le service du peuple qu’il s’est acquis. Cette idée apparaît seule dans presque tous les textes antérieurs à l’exil. Chez les prophètes, la jalousie de Dieu est plutôt en rapport avec sa sainteté. Chez Ezéchiel, Dieu déclare qu’il « se montrera jaloux de son nom », c’est-à-dire de la sainteté de son nom qui a été profané par la défaite et la servitude d’Israël. La jalousie est alors la réaction de la sainteté : Dieu ne peut pas tolérer que son saint nom soit profané ; il prendra sa défense, ou, suivant l’expression du prophète, il « le sanctifiera » en restaurant son peuple opprimé.

La même idée paraît sous-jacente chez Isaïe : Dieu garantit l’exécution de ses projets de restauration messianique ou de délivrance de Jérusalem en faisant appel à sa jalousie, c’est-à-dire à l’ardeur passionnée avec laquelle il exécute sa volonté sans que rien ne l’arrête : « La jalousie du Seigneur Sabaoth accomplira ces choses ». La jalousie divine, plusieurs fois associée à sa pitié pour Israël, s’exerce en faveur de son peuple opprimé.