Dans la louange universelle, la Mère est réunie à son Fils

 

Saint Jean Damascène

Homélies sur la Nativité et la Dormition, SC 80, p. 187s

 

Hé quoi ? Elle est donc morte la source de la vie, la Mère de mon Seigneur ! Oui, il fallait que l’être formé de la terre retournât à la terre, et par cette voie monta au ciel, en recevant de la terre, après lui avoir remis son corps, le don d’une vie parfaitement pure. Il fallait que, comme l’or, une fois rejeté le poids terrestre et opaque de la mortalité, la chair, devenue dans le creuset de la mort incorruptible et pure, revêtue de l’éclat de l’incorruption, ressuscitât du tombeau.

Aujourd’hui, commence pour elle une seconde existence, qu’elle reçoit de Celui qui la fit naître à la première, comme elle-même avait donné une seconde existence, la vie corporelle, à Celui dont l’existence première et éternelle n’eut pas de commencement dans le temps, bien que le Père en fût le principe , comme cause de sa vie divine.

Réjouis-toi, Sion, montagne divine et sainte où habitait l’autre montagne divine, celle qui est vivante, la nouvelle Béthel, où l’onction fut versée sur la stèle, où la nature humaine reçut l’onction de la divinité ! De toi, comme d’un jardin d’oliviers, son Fils s’est élevé vers les hauteurs célestes. Qu’une nuée se prépare, universelle et cosmique, et que les ailes des vents amènent les Apôtres des confins de la terre jusqu’à Sion ! Qui sont ceux-là qui comme des nuées et des aigles volent vers le corps source de toute résurrection pour servir la Mère de Dieu ? Quelle est celle-là qui monte, dans la fleur de sa blancheur, toute belle, brillante comme le soleil ? Que chantent les cithares de l’Esprit, je veux dire les langues des Apôtres ; que retentissent les cymbales, c’est-à-dire les plus éminents hérauts de la Parole de Dieu ! Que ce vase d’élection consacré par l’Esprit, à qui l’union divine valut se souffrir et d’apprendre les réalités divines, soit tout ravi hors de son corps : que transporté toute entier par sa ferveur, il fasse retentir la cadence de ses hymnes ! Que toutes les nations battent des mains, que tous célèbrent la Théotokos ! Que les anges rendent un culte à un corps mortel !

Filles de Jérusalem, faites cortège derrière la Reine, et comme les vierges ses compagnes, dans la jeunesse de l’esprit, portez-vous avec elle vers l’époux pour la placer à la droite du Seigneur. Descends, descends, ô Souverain, viens payer à ta Mère la dette qu’elle mérite pour t’avoir nourri ! Ouvre tes mains divines : reçois l’âme maternelle, toi qui, sur la croix, remis ton esprit entre les mains du Père.