sur Ephésiens 2, 1-10

Marie, Reine des cieux, Mère de miséricorde

Saint Bernard

Sermon 1 de l’Assomption de la Vierge Marie, n° 1-2

 

La Vierge glorieuse, en montant au ciel, a certainement porté à son comble la joie de ses habitants. Elle est celle dont la salutation suffit à faire tressaillir les enfants encore enfermés dans le sein de leur mère. Si l’âme d’un enfant à naître s’est fondue dans le bonheur dès que parla Marie, on peut imaginer l’allégresse des esprits célestes qui eurent le privilège d’entendre sa voix, de contempler son visage et de goûter sa présence.

Et pour nous, frères, quelle fête n’est point le jour de son arrivée dans le ciel, quels motifs de joie et de bonheur n’y a-t-il pas que de la voir accueillie là-haut ? La présence de Marie éclaire l’univers entier, à tel point que la patrie céleste elle-même resplendit d’un nouvel éclat aux feux de cette lampe virginale.

Notre Reine nous a précédés dans les cieux ; elle y a reçu un accueil si merveilleux que nous pouvons en toute confiance, nous ses humbles serviteurs, suivre les pas de notre Souveraine en criant avec l’Epouse du Cantique : Entraîne-nous à ta suite, nous courrons à l’odeur de tes parfums. Voyageurs sur la terre, nous avons envoyé en avant une avocate, qui, en sa qualité de Mère du Juge et de Mère de miséricorde, plaidera en suppliante, mais en suppliante écoutée, la cause de notre salut.

Aujourd’hui, notre terre a adressé au ciel un cadeau de grand prix, afin de sceller, par cet échange, une heureuse alliance entre le monde humain et le monde divin, la terre et le ciel, l’ici-bas et l’altitude. Le meilleur fruit de la terre est monté jusqu’aux lieux d’où descendent les dons et les grâces. Etablie dans les hauteurs, la Vierge bienheureuse, à son tour, dispensera des présents aux humains ; elle en a la puissance et la volonté, car elle est la Reine des cieux, elle est compatissante. Et elle est la Mère du Fils unique de Dieu : rien ne prouve mieux son pouvoir et sa bonté, à moins de croire que le Fils de Dieu n’honore pas sa Mère, ou de mettre en doute que les entrailles de Marie, où la charité même de Dieu a passé corporellement neuf mois, ne soient remplies de charité.