Sur Ephésiens 1, 15-23

Saint Pie X, le pape de l’Eucharistie

Xavier Lecœur

Petite vie de Pie X, p. 139s

 

S’il est une appellation qui est restée attachée à la personne de Pie X c’est bien celle de pape de l’Eucharistie. Par deux décrets, le pape a en effet corrigé les pratiques et modifié un état d’esprit qui, depuis des siècles, avait conduit à un éloignement croissant des fidèles de ce sacrement capital. Certes, au IVème siècle, certains Pères de l‘Eglise, tels Basile de Césarée ou Ambroise de Milan, avaient déjà prôné la communion fréquente, facteur de progrès dans la vie spirituelle, remède quotidien à nos infirmités spirituelles. Bien plus tard, le concile de Trente avait également insisté pour qu’à chaque messe, les fidèles qui y assistent ne se contentent pas de communier spirituellement, mais reçoivent réellement le sacrement eucharistique.

         Malgré cette pressante recommandation, nombreux étaient les catholiques qui ne communiaient qu’à Pâques. Le développement du jansénisme ne fit que renforcer cette tendance. La communion fréquente devint réservée à un petit nombre de personnes qui en avaient été jugées dignes. Les autres devaient se contenter de communier une fois par an, ou tous les mois, ou tout au plus chaque semaine. Au XIXème siècle, cette conception avait envahi le mentalité de nombreux chrétiens, provoquant tout de même de saines indignations, à l’image de cette vive répartie du curé d’Ars : Ne dites pas que vous n’êtes pas digne de communier ; c’est vrai, vous n’en êtes pas digne, mais vous en avez besoin.

Grand admirateur de saint Jean-Marie Vianney, Giuseppe Sarto, avant même son accession au trône de saint Pierre, avait, à plusieurs reprises, conjuré les prêtres de son diocèse de recommander à leurs fidèles de communier plus souvent. En toute logique, devenu pape, Pie X continua sur cette voie, en ratifiant le 20 décembre 1905, le décret Sacra Tridentina Synodus. Dans ce texte, le pape s’en prend au venin du jansénisme qui a transformé l’eucharistie en une sorte de faveur ou de récompense. Il autorisa la communion fréquente à tout catholique qui s’approche de la Sainte Table avec une intention droite, c’est-à-dire non pas par habitude ou par vanité, ou pour des raisons humaines, mais pour satisfaire à la volonté de Dieu, s’unir à Lui plus intimement par la charité, et, grâce à ce divin remède, combattre ses défauts et ses infirmités.