Sur Ephésiens 2, 11-22

« Vous êtes de la cité des saints »

Saint Jean Chrysostome

Homélie VI sur la lettre eux Ephésiens, n° 1, OC 18, p. 220s

 

Vous n’êtes plus des étrangers, ni des émigrés, vous êtes concitoyens des saints. Vous le voyez, ce n’est pas simplement avec la race juive, c’est avec ces grands et ces saints personnages de l’antiquité, Abraham, Moïse, Elie, que nous sommes inscrits, que nous avons droit de cité. Ceux qui parlent de la sorte montrent bien qu’ils cherchent une patrie, comme Paul le déclare : Vous n’êtes plus des étrangers ou des hôtes par rapport aux saints. Quand on ne doit pas acquérir les biens célestes, on demeure étranger. Le Fils, lui, demeure à jamais. Vous êtes de la maison de Dieu. Ce que les Juifs avaient dès l’origine au prix de tant de labeurs, vous l’avez heureusement obtenu par la divine miséricorde. Vous formez un édifice bâti sur le fondement des apôtres et des prophètes. C’est la garantie de la vocation. Voyez comme le Christ unit tout, les païens et les Juifs, les apôtres et les prophètes. Tantôt c’est par l’image du corps, tantôt par celle de l’édifice, qu’il représente cette union. Vous formez un édifice bâti sur le fondement des apôtres et des prophètes. Les apôtres et les prophètes constituent donc le fondement. Les apôtres sont placés en première ligne, quoiqu’ils soient les derniers dans l‘ordre du temps. En unissant ainsi les uns aux autres, il affirme et dépeint l’unité de l’édifice, aussi bien que celle de la base. Remarquez que les païens ont les patriarches pour fondement. Il expose mieux ici ce principe qu’il ne le fait ailleurs par la métaphore de la bouture ; il serre la vérité de plus près. Et il ajoute : Jésus-Christ est lui-même la pierre angulaire, la pierre maîtresse. C’est nous faire voir dans le Christ le centre de toute cohésion, car la pierre angulaire tient les murs et le fondement.

En Lui, gît tout l’édifice. C’est en lui que toute la construction s’ajuste et s’élève pour former un temple saint dans le Seigneur. Observez dans quels rapports il l’établit : d’une part, le Christ embrasse et consolide toute la construction supérieure, d’autre part, il en supporte toute la masse, il est au-dessous de tout. En déclarant que le Christ a tout assis en lui-même pour former un seul homme nouveau, l’Apôtre nous fait entendre que le Sauveur a par lui-même uni toutes les branches de l’humanité, comme il leur avait donné l’existence. Paul avait appelé le Sauveur le premier-né de toute créature, cela signifie bien qu’il soutient l’édifice tout entier, qu’il le raccorde et l’harmonise ; toutes les parties reposent sur lui. Personne ne peut poser un fondement autre que celui qui a été posé, Jésus, le Christ.