Sur Matthieu 13, 1-23

« Un semeur est sorti pour semer »

Saint Jean Chrysostome

Homélie 44 sur saint Matthieu, OC, p. 66s

 

Dans la parabole du semeur, le Christ nous montre que sa parole s’adresse à tous indistinctement : il n’établit aucune division entre le riche et le pauvre, entre le savant et l’ignorant, le négligent et le fervent, le courageux et le timide. Sa parole concerne tout le monde, et il fait, de son côté, tout ce qu’il peut faire, quoiqu’il connaisse parfaitement l’avenir, de manière à dire avec droit : Qu’ai-je dû faire que je n’aie point fait ?

Par cette parabole, le Seigneur cherche à encourager ses disciples, à ce qu’ils ne se laissent pas abattre même si le nombre de ceux qui accueillent la parole sont moins nombreux que ceux qui la gaspillent. Le Seigneur était le premier à leur donner l’exemple, car, malgré sa connaissance de l’avenir, il ne cessait de répandre son grain. Mais, diras-tu, à quoi bon le répandre sur la pierre, au milieu des épines, au bord du chemin ? S’il s’agissait d’une semence matérielle et de la terre, cela n’aurait pas de sens ; mais, quand il s’agit des âmes et de la doctrine, cela est tout à fait digne d’éloges. On reprocherait avec raison à un cultivateur de le faire : la pierre ne peut devenir de la terre, les épines ne peuvent pas ne pas être des épines, le chemin ne peut pas ne pas être le chemin ! Dans le domaine spirituel, il n’en est pas ainsi : la pierre peut devenir une terre fertile, le chemin peut devenir un champ fécond, les épines peuvent être arrachées et permettre au grain de fructifier ! Si tout cela n’était pas possible, le semeur n’aurait pas répandu son grain. Si cette transformation n’a pas toujours eu lieu, cela dépend, non du semeur, mais de ceux qui n’ont pas voulu être transformés. Le semeur a rempli toute sa tâche, , mais si l’on a gaspillé le grain, le coupable ne peut pas être l’auteur de ce bienfait.

Ne nous en prenons pas aux choses elles-mêmes, mais à la corruption de notre volonté. On peut être riche et ne pas se laisser séduire par les richesses, vivre dans le monde et ne pas être étouffé par les sollicitations du monde. Le Seigneur ne veut pas nous laisser tomber dans le désespoir, mais il cherche à nous donner une possibilité de conversion, et nous montrer qu’il est toujours possible de passer des états précédents à celui de la bonne terre.