Sur Apocalypse 3, 1-22
Jésus ouvre à ceux qui frappent

Saint Augustin
Exposition de l’Apocalypse de saint Jean, Homélie III, OC 11, p. 507s

Nous venons d’entendre l’apôtre Jean adresser de terribles reproches à l’homme pécheur, considérons donc avec un profond sentiment de crainte et d’effroi ce qu’il dit : Je sais qu’elles sont tes œuvres, tu portes le nom de vivant et tu es mort. Or, la mort n’atteint que celui qui a commis un péché mortel, selon ces paroles du prophète Ezéchiel (18,20) : L’âme qui aura péché, mourra. Ce qu’il y a de plus affreux, c’est qu’un grand nombre portent des âmes mortes dans des corps vivants. Soyez vigilant, et confirmez le reste qui est près de mourir ; voici ce que dit le saint et véritable qui a les clés de David, c’est-à-dire la puissance royale : Qui ouvre et personne ne ferme ; qui ferme et personne n’ouvre. Il est évident que Jésus Christ ouvre à ceux qui frappent et qu’il ferme la porte de la vie aux hypocrites, c’est-à-dire à ceux qui usent de feinte et de dissimulation. Je t’ai ouvert une porte : notre Seigneur s’exprime ainsi, afin qu’on ne puisse dire que quelqu’un peut fermer même en partie la porte que Dieu ouvre à son Eglise dans le monde entier. Parce que tu as peu de forces, c’est pour Dieu un titre de gloire d’ouvrir la porte à l’Eglise qui a encore une foi faible. Et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, celui qu’on imprime sur nous qui sommes chrétiens. Et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel : cette nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, c’est l’Eglise à qui le Seigneur donne naissance ; il l’appelle nouvelle à cause du nom chrétien qui est nouveau, et parce que nous devenons nouveaux d’anciens que nous étions : Tu n’es ni froid, ni chaud, c’est-à-dire tu es inutile ! On peut appliquer ces paroles aux riches stériles qui possèdent les biens de ce monde et ne font aucune œuvre de miséricorde ; ils ne sont point pauvres, puisqu’ils ont les richesses en partage ; ils ne sont point riches, puisqu’ils ne font point le bien avec leurs richesses. Je te donne le conseil d’acheter de moi de l’or, c’est-à-dire de faire des aumônes, de t’appliquer aux bonnes œuvres, et de devenir toi-même comme l’or, c’est-à-dire de recevoir de Dieu l’intelligence et de mériter par une vie sainte la grâce du martyre.