Réjouissez-vous en Marie

Saint Ephrem de Nisibe
Sermon II sur la Mère de Dieu

La Vierge m’invite à chanter le mystère que je contemple avec admiration. Fils de Dieu, donne-moi ton admirable don, fais que j’accorde ma lyre et que je peigne l’image toute belle de ta Mère bien-aimée.
La Vierge Marie enfante son Fils dans la virginité, elle allaite celui qui nourrit les nations, en son chaste sein elle porte celui qui soutient l’univers. Elle est vierge, elle est Mère, que n’est-elle pas ?
Sainte de corps et toute belle d’âme, pure d’esprit, droite d’intelligence, parfaite de sentiments, chaste, fidèle, pure de cœur, éprouvée, elle est remplie de toutes les vertus.
Qu’en Marie se réjouisse toute la race des vierges, car une d’entre elles a enfanté celui qui soutient toute la création, celui qui a délivré le genre humain, gémissant dans la servitude.
Qu’en Marie, se réjouisse le vieil Adam, blessé par le serpent. Que les prêtres se réjouissent en la Vierge bénie. Elle a mis au monde le grand prêtre qui s’est fait lui-même victime. Il a mis fin aux sacrifices anciens, s’étant fait la victime qui apaise le Père.
Qu’en Marie, se réjouisse toute la suite des Prophètes. En elle, se sont accomplies toutes leurs visions, se sont réalisées leurs prophéties, se sont confirmés leurs oracles.
Qu’en Marie, se réjouisse toute la suite des patriarches. De même qu’elle a reçu la bénédiction qui leur était promise, de même, en son Fils, elle les a rendus parfaits. Par lui, en effet, voyants, justes et prêtres se sont trouvés justifiés.
Au lieu du fruit amer cueilli par Eve à l’arbre fatal, Marie a donné aux hommes un fruit plein de douceur. Et voici que le monde entier se délecte du fruit de Marie. L’arbre de vie, caché au milieu du paradis, a grandi en Marie. Sorti d’elle, il a étendu son ombre sur l’univers, et il a répandu ses fruits sur les peuples les plus lointains comme les plus proches. Marie a tissé le vêtement de gloire et l’a donné à notre premier père.
Eve et le serpent avait creusé un piège : Adam y était tombé ; Marie et son royal enfant se sont penchés sur lui et l’ont retiré de l’abîme. La vigne virginale a donné une grappe dont le vin savoureux rend la joie aux affligés. Eve et Adam, dans leur angoisse, ont goûté à ce breuvage de vie et ils y ont trouvé l’apaisement de toute leur douleur.