Siracide  7, 22-36

La vie monastique : un raccourci vers la Cité Sainte

Saint Bernard

Sermons divers, Sermon 22, SC 496, p. 383s

 

Frères, vous êtes sur le chemin qui conduit à la vie, sur la voie droite et pure qui mène à la sainte cité de Jérusalem, elle qui est libre, qui est d’en-haut, qui est notre mère. Raide est la pente de ce chemin ; il est comme taillé à travers le sommet de la montagne. Mais le raccourci de cette voie allège, et même supprime l’ampleur de sa peine.

Quant à vous, avec une heureuse aisance autant que dans un bonheur aisé, non seulement vous suivez ce chemin, mais vous y courrez. Libre de tout fardeau, la ceinture bien serrée, vous ne portez aucune charge sur le dos. Il n’en va pas de même, non, pas de même pour certains, qui traînent derrière eux, avec tout leur attirail, des chars à quatre chevaux. Choisissant de contourner la montagne, c’est bien souvent qu’ils sont entraînés dans des précipices ; et sinon, c’est avec peine qu’ils atteignent le but de leur chemin.

Aussi, heureux êtes-vous d’avoir quitté votre propre personne et tout ce qui est à vous, sans la moindre exception. Car à travers la crête de la montagne, vous frayez le chemin à celui qui monte à l’Occident : son nom est le Seigneur.

          Mais ceux qui, tout en ayant fui l’Egypte, regrettent passionnément tous les biens de l’Egypte, ceux-là n’ont pas trouvé le chemin qui mène à la Cité où ils pourront demeurer. Accablés par l’énorme poids de leur volonté propre, ils tombent sous leur charge, ou même avec elle ; ou sinon, c’est avec peine qu’ils parviennent au but fixé.

Dans votre vie y a-t-il quelque chose qui ne soit pas à l’image de la vie des Apôtres ? Ceux-ci ont tout quitté, et, rassemblés dans l’école du Seigneur, en sa présence, ils ont puisé avec joie les eaux aux sources du Sauveur ; à la source même ils ont bu la source de la vie. Heureux ceux qui ont vu !

Quant à vous, n’avez-vous pas agi de même ? Non plus, il est vrai, en sa présence, mais en son absence, et en entendant, non plus les paroles de sa bouche, mais celles de ses messagers. Défendez pour vous ce privilège : pour les Apôtres, ce fut à sa vue et à ses paroles qu’ils ont cru, mais vous, vous avez fait confiance à ce que vous entendiez et à un messager.