Sagesse 3, 1-19

« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu »

Saint Augustin

23ème discours sur le psaume 118, tome 2, p. 842s

 

Mon âme est toujours entre tes mains. On lit dans plusieurs exemplaires entre mes mains ; mais dans le plus grand nombre entre tes mains, et le sens est clair : les âmes des justes, en effet, sont entre les mains de Dieu, et nous-mêmes sommes entre ces mains, ainsi que nos paroles. Et je n’ai point oublié ta Loi, dit le prophète, comme si ces mains de Dieu entre lesquelles se trouve son âme aidaient sa mémoire à ne point oublier la Loi de Dieu. Mais je ne sais en quel sens il faudrait dire : Mon âme est entre mes mains. Ce langage n’est point celui de l’injuste, mais du juste qui retourne à son Père, et non qui s’en éloigne. On pourrait dire que le prodigue de la parabole évangélique voulait avoir son âme entre ses propres mains, quand il disait à son Père : Donne-moi la portion de biens qui doit m’échoir. Et telle fut la cause de sa mort, la cause de sa perdition. On bien cette expression : Mon âme est entre mes mains, signifierait-elle que le Prophète offre son âme à Dieu afin qu’elle soit vivifiée ? Elle reviendrait alors à cette autre : J’ai levé mon âme vers toi. Car le Prophète a dit plus haut : Vivifie-moi.

Les pécheurs, poursuit-il, m’ont tendu un piège, et je n’ai point déviée de tes préceptes. D’où vient cette fidélité, sinon que mon âme est entre les mains de Dieu, ou qu’il offre de ses mains sa fidélité à Dieu afin qu’il la vivifie.

J’ai incliné mon cœur, dit-il ensuite, afin d’accomplir éternellement tes préceptes, en vue de la récompense. Notre âme étant entre les mains de Dieu, il nous est plus facile d’incliner notre cœur vers lui, telle est l’œuvre de Dieu et de notre volonté tout ensemble. Mais devons-nous accomplir éternellement les préceptes du Seigneur ? Les œuvres par lesquelles nous soulageons le prochain ne sauraient être éternelles ; si nous agissons par charité, comme la charité est éternelle, une récompense éternelle nous est réservée. C’est en vue de cette récompense éternelle qu’il a incliné son cœur entre les mains de Dieu pour accomplir les préceptes divins, afin qu’en l’aimant éternellement, il mérite de posséder éternellement l’objet de son amour.