Matthieu 9, 9-13

L’appel de Matthieu

Saint Jean Chrysostome

Homélie 30, 1-2 du commentaire sur saint Matthieu, OC 12, p. 87s

          Pourquoi Jésus n’a-t-il pas appelé Matthieu en même temps que Pierre, Jean et les autres ? De même qu’il est venu sur terre quand il a senti les hommes disposés à lui obéir, de même il a appelé Matthieu quand il a su qu’il le suivrait. Si Matthieu n’a pas été appelé au commencement, c’est qu’il avait encore le cœur trop dur ; mais après les nombreux miracles, quand la renommée de Jésus eut grandi, il était plus disposé à écouter le Maître, et Jésus le savait.

          Il convient aussi d’admirer la vertu de l’apôtre qui ne dissimule pas sa vie passée. Pourquoi Matthieu dit-il qu’il était assis au bureau de la douane ? C’est pour montrer la puissance de Celui qui l’a appelé, sachant vaincre sa résistance, l’arrachant à sa méchanceté, et se l’attachant. Son métier était honteux, sans conscience ; les profits qu’il en tirait n’avaient aucune excuse. Malgré tout cela, Jésus l’a appelé. Et pourquoi dire qu’il ne rougit pas d’appeler un publicain, puisqu’il n’a pas rougi de parler à une prostituée et lui a même permis de baiser ses pieds et de les arroser de ses larmes ? Car s’il est venu, ce n’est pas seulement pour soigner les corps, mais encore pour guérir les âmes. C’est ce qu’il a fait pour le paralytique ; après avoir clairement montré qu’il a la puissance de pardonner les péchés, il vient vers Matthieu, afin que les gens ne soient plus étonnés de le voir choisir un publicain comme disciple.

          Après l’avoir appelé, Jésus lui fit le grand honneur de partager aussitôt sa table ; il voulait aussi l’encourager pour l’avenir et augmenter sa confiance. Il n’est pas long à guérir son âme pécheresse ; puis il s’assied avec lui, et beaucoup d’autres publicains. Et pourtant on risque de l’accuser de fréquenter des pécheurs ! Ses ennemis ne se cachent pas ; ils surveillent tous ses actes. Les publicains viennent donc chez Matthieu, comme chez l’un des leurs, car Matthieu tout heureux de la venue du Christ chez lui, les a tous invités. Voilà le publicain tout changé et devenu meilleur.