Genèse 2,19 – 3,14 + 6,14-16

Le Christ en croix

Auteur anonyme

          Pour identifier l’Homme suspendu à la croix, une inscription est là : Jésus le Nazaréen, Roi des Juifs ; l’intention est bien de proclamer la royauté du Christ à quiconque regarde la croix, majesté suspendu, clouée, sur le symbole du plus grand des déshonneurs, un instrument de punition réservé aux malfaiteurs, aux corrompus, aux criminels.

          La majesté du corps du supplicié n’est pas revêtue d’une robe de roi : pas de tissus chamarrés, aucun brocart tout en finesse, pas de tunique tissée tout d’une pièce de haut en bas, il en avait été dépouillé avant de le crucifier. Le corps nu est couvert de blessures nombreuses dégoulinant de sang. La douleur et les blessures étaient les seuls vêtements de ce roi, dépouillé de tout pour que nous puissions atteindre la grâce de la vie éternelle dans son royaume de paix, d’amour, de justice vraie, royaume bien différent de celui tenu par le pouvoir terrestre auquel le Christ a consenti à se soumettre durant son existence humaine.

          Sur la tête, une couronne, non une couronne de princes puissants toute d’or, incrustée de pierres précieuses, mais une couronne tissée d’épines de laquelle ne rayonne aucune noblesse, aucune splendeur. Entre l’inscription identifiant Jésus comme Roi des Juifs et la couronne d’épines, il n’y avait pas grande distance, quelques centimètres sans doute, peu de choses comparées à l’intense paradoxe des images : un Roi couronné d’épines ! Impossible d’offrir or, argent et pierres précieuses, pour révérer avec l’excellence la plus légitime, le Seigneur de l’Univers, Celui qui règne sur toute la création.

          Cet homme, c’est le Fils de Dieu qui, par obéissance au Père, a pris la nature humaine, sauf le péché dont il est venu lui-même nous délivrer. Cet homme, acclamé et suivi par la foule, a vécu sa mort avec seulement sa Mère et son disciple bien-aimé à ses côtés. Cet homme qui a parcouru les routes et les villages, proclamant les merveilles de Dieu par ses paroles, par des signes, des miracles, des guérisons, le voilà maintenant les bras cloués à la croix pour libérer l’humanité des liens de l’erreur du péché, du mal et de la mort. Cet homme conçu dans le sein d’une Vierge par l’œuvre de l’Esprit-Saint a alors exposé son corps déchiré par les blessures, ses os ne pouvant plus être tous comptés. Homme, Dieu, Roi, il a accepté la douleur, la souffrance, l’indignation, la mort ignominieuse, uniquement par amour pour tous les hommes afin de sceller avec eux l’Alliance définitive et insurmontable du Père avec ses enfants.