Malachie 1,1-14 +2,13-16

Le message du prophète Malachie

René vuilleumier

Agée, Zacharie, Malachie, p. 255s

          Malachie, prophète mineur, est particulièrement intéressé par les questions d’ordre rituel, et s’en occupe très fortement. Le Temple reconstruit est au centre de son message ; le ministère du prêtre est reconnu dans toute sa valeur ; Malachie n’en rejette que les infidélités. Un soin particulier est voué à l’offrande des sacrifices et à la remise régulière et scrupuleuse de la dîme. Malachie est au courant des rites de malédiction, de deuil et de lamentations, mais aussi des cérémonies de bénédiction. Incontestablement, le culte occupe une place importante dans ce livre

            Cela suffit-il pour qualifier cette prophétie de décadente, comme certains le disent ? Ce serait le cas si Malachie attachait une importance au culte à l’exclusion de l’existence quotidienne et normale de son peuple : il n’en est rien. Comme ses prédécesseurs, il s’attaque également à des manquements d’ordre social, au relâchement dans les affaires conjugales, à l’idolâtrie. Vie cultuelle et vie morale sont intimement liées. Le relâchement dans l’observance des exigences cultuelles a des répercussions défavorables sur la vie communautaires du peuple, et le manque de charité et d’amour dans l’existence quotidienne ne peut qu’entraîner une lassitude néfaste dans la relation cultuelle avec Dieu.

            Malachie est-il donc réellement loin des grands prophètes du passé ? Comme eux, il s’appuie sur les antiques traditions de son peuple, ainsi la tradition de Jacob et d’Esaü. Pour être moins explicite qu’ailleurs, le rappel de l’Exode, mémorial mosaïque, n’est pas totalement absent grâce aux passages sur Lévi, aïeul de Moïse, et à une réminiscence du Décalogue. La tradition jérusalémite se retrouve dans l’évocation centrale du Temple. L’alliance de Dieu avec son peuple est fortement soulignée. Son prolongement pratique est l’obéissance de ce peuple aux exigences du droit ; la désobéissance peut compromettre cette alliance, mais Dieu reste le maître souverain et fidèle.

            Cette fidélité de Dieu engendre l’espérance. Certes Dieu ne laissera pas la désobéissance impunie. Un jugement viendra, terrible. Les puissances hostiles à Dieu seront anéanties. Pour les vrais fidèles, pour les craignantDieu véritables, une certitude est proclamée. Dans la masse du peuple, il y a ceux qui se disent craignantDieu, mais qui ne le sont que de nom. Dieu seul connaît les vrais craignantDieu. Il les fait marcher vers un accomplissement glorieux. Ils sont la semence de l’Israël nouveau qui sera réédifié. Ils peuvent s’appuyer sur une espérance sûre puisqu’elle vient de Dieu.