Malachie 3, 1-21

Portrait de saint Dominique par des témoins de sa vie et de son œuvre

Père Jean-René Bouchet

Lectionnaire Dominicain pour les dimanches et fêtes, p. 465s

          Frère Dominique parlait peu, à moins que ce ne fût avec Dieu, pour prier, ou pour parler de Dieu. Il engageait les frères à faire de même. Devant les hommes, le témoin l’a toujours vu joyeux, mais, dans ses oraisons, il pleurait fréquemment. Le frère le sait, car il l’a vu et entendu pleurer.

          C’était pour frère Dominique une habitude très courante de passer la nuit en prière. La porte close, il priait son Père. Au cours et à la fin de ses oraisons, il avait accoutumé de proférer des cris et des paroles dans le gémissement de son cœur ; il ne pouvait se contenir, et ces cris, sortant avec impétuosité, s’entendaient nettement d’en haut. Une de ses demandes fréquentes et singulières à Dieu était qu’il lui donnât une charité véritable et efficace pour procurer et cultiver le salut des hommes : car il pensait qu’il ne serait jamais vraiment membre du Christ que le jour où il pourrait se donner tout entier, avec toutes ses forces, à gagner des âmes, comme le Seigneur Jésus, Sauveur de tous les hommes, se consacra tout entier à notre salut.

          Frère Dominique était plein de compassion pour le prochain et désirait très ardemment son salut. Il prêchait lui-même fréquemment et, par tous les moyens en son pouvoir, il exhortait les frères à prêcher et les envoyait en prédication. Il les avertissait alors et les conjurait d’être pleins de sollicitude pour le salut des âmes. Très confiant en Dieu, il envoyait prêcher même les moins habiles en leur disant : « Allez avec assurance, parce que le Seigneur vous donnera le don de la parole divine. Il sera avec vous et rien ne vous manquera ». Ils s’en allaient et il leur arrivait comme il leur avait dit.

          Il désirait le salut de toutes les âmes, aussi bien des Sarrasins que des chrétiens et spécialement des Cumans et autres peuples païens. Le témoin n’a jamais vu personne qui eût plus de zèle pour les âmes. Il aimait beaucoup la pauvreté et il s’appliquait avec un grand zèle à la faire aimer de ses frères. Il était joyeux, affable, patient, miséricordieux, bienveillant et consolateur de ses frères.