Joël 3,1 – 4,8

Le salut dans l’Eglise

Père P. Buis

Le don de l’Esprit-Saint et la prophétie de Joël, AS 52, 1965, p. 25s

           Tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés. Cette phrase du prophète Joël est la seule qu’on trouve citée dans le Nouveau Testament en dehors du livre des Actes. Saint Paul en fait un élément important de son argumentation dans la lettre aux Romains : la foi au Christ, exprimée par l’invocation de son nom, est la cause du salut.

          Mais Joël insistait sur un autre aspect : seront sauvés ceux que Dieu appelle. Connu de saint Paul, ce thème ne figure pratiquement pas dans les Actes des Apôtres. Si Luc a cependant rapporté ce verset du prophète Joël, c’est par fidélité à ses sources : Pierre avait certainement cité et commenté ce texte le jour de la Pentecôte, car le thème de la vocation chrétienne tient une grande place dans sa première lettre.

          Le salut que promettait Joël n’avait qu’un sens matériel : être sauvé, c’était survivre au Jour de Yahvé. Dans les Actes, ce mot prend un sens beaucoup plus riche. Pour Luc, le salut consiste en trois faits : remise des péchés, entrée dans l’Eglise par le baptême, don de l’Esprit-Saint. Ces trois actes constituent la promesse offerte à tous ceux qui se convertissent au Christ. Le salut, c’est donc essentiellement l’entrée dans l’Eglise, les nouveaux convertis sont désignés par le terme de sauvés.

          Dans cette construction du salut, le rôle de l’Esprit-Saint est fondamental, Luc met spécialement en valeur sa relation au baptême. Les deux actes essentiels de l’initiation chrétienne se trouvent toujours étroitement associés, l’un devant compléter l’autre : normalement de don de l’Esprit-Saint suit le baptême, mais l’inverse est possible. Cette association intime, qui explique l’expression baptiser dans l’Esprit-Saint, apparaît d’autant plus remarquable qu’elle unit deux réalités appartenant à des ordres très différents : agrégation à l’Eglise visible et présence de l’Esprit-Saint.

          L’Esprit-Saint se trouve encore associé au salut par le fait que sa présence est le gage de toutes les promesses divines. Si la promesse essentielle, le don de l’Esprit, a été tenue, on peut être sûr des autres.

          Les thèmes qui chez Joël n’étaient que juxtaposés trouvent ainsi leur unité. Le don de l’Esprit introduit au salut dont il constitue l’élément essentiel, car le salut, c’est  l’entrée dans la communauté des sauvés, rassemblés par l’appel de Dieu.