2 Corinthiens 3,7 – 4,6

Le resplendissement du soleil : le visage

Ysabel de Andia

Mystiques d’Orient et d’Occident, p. 124s

          La Transfiguration est avant tout une irradiation de la gloire à travers la chair avant d’être une illumination de la lettre par l’Esprit. C’est un mystère qui touche la chair du Verbe fait chair, car c’est dans la chair du Verbe que nous avons vu sa gloire, selon les paroles du Prologue de saint Jean. Certains inscrivent la transfiguration, absente de l’Evangile de Jean, au cœur du Prologue, comme la théophanie de la gloire du Verbe fait chair.

          Si la gloire du Verbe est la gloire qu’il avait comme Fils unique auprès du Père avant que le monde fut, elle est aussi la gloire dont le Père l’a glorifié à l’heure de la croix. Tout l’Evangile de Jean culmine dans cette élévation du Christ sur la croix qui est une exaltation en gloire où il attire à lui tous les hommes.

          Il y a une autre relation plus secrète entre la Transfiguration et Gethsémani que manifeste la présence des trois disciples à l’une et à l’autre scène chez les synoptiques.

          Jésus, qui s’est transfiguré devant eux sur une haute montagne, transpire des gouttes de sang au jardin de Gethsémani. Et son visage qui était plus resplendissant que le soleil est couvert de sueur de sang, comme les boucles du  Bien-Aimé du Cantique des Cantiques sont couvertes de gouttes de la nuit. C’est le même visage, la Très Sainte Face, qui est resplendissant comme le soleil au Thabor, et baigné de sueur de sang à Gethsémani. La Transfiguration est l’envers de l’agonie, et le soleil est inséparable du sang. Celui qui n’a pas vu ce visage glorieux et douloureux du Christ, n’a pas compris l’étroite relation entre la Transfiguration et Gethsémani, ne voit dans la Transfiguration qu’un jeu de lumière sur la surface du mystère, sans pénétrer dans la profondeur de la connaissance du Christ, vrai Dieu, lumière née de la lumière, et vrai homme, crucifié dont le cœur a été transpercé sur la croix.

          Et il en sortit du sang et de l’eau, la lumière et le sang.