Job 22, 1-30

« Gardez votre zèle pour la lecture »

Saint Jean Cassien

Première conférence de l’Abbé Nestéros, Chapitres 9 et 16, SC 54,  p. 192s

          Vous avez le souci de nourrir votre vie spirituelle. Que ce soit sans aucune vaine prétention, mais pour acquérir la pureté du cœur. Que brûle en vous le désir de la Béatitude, dont il est dit : Heureux les cœurs purs, ceux-là verront Dieu.

          Je vois que vous avez en vous le zèle de la lecture. Gardez-le. Efforcez-vous d’acquérir au plus tôt une vraie connaissance de la vie spirituelle. Sans la lecture, il ne peut être question d’arriver à la contemplation.

          On n’obtient pas cette grâce en se mettant simplement à l’école d’un maître à la faveur de son enseignement. Il faut s’y préparer par ses efforts et par son travail. On n’y arrive pas non plus par la seule méditation de la Parole de Dieu. C’est le fruit d’une grande application. On peut chanter alors avec le psalmiste : C’est par la pratique de tes commandements que m’est venue la connaissance. Il faut être libéré de toute passion pour pouvoir s’écrier en toute confiance : Je chanterai tes psaumes, Seigneur, j’aurai le sens de ta fidélité.

          On comprend que l’on chante, dans la psalmodie, si on chemine d’un cœur pur sur une route de fidélité. Voulez-vous qu’en votre cœur s’édifie un vrai sanctuaire de la connaissance de Dieu ? Purifiez-le de tous les vices. Libérez-vous des soucis de ce monde. Un cœur accaparé de ces soucis envahissants ne peut arriver à la connaissance des choses de Dieu. il ne peut profiter vraiment des saintes lectures qu’il a faites.

          Pour cela, surtout si vous êtes jeune, appliquez-vous à garder le silence. Autrement, par votre vanité, vous rendriez inutiles, et votre ardeur à la lecture, et vos efforts, fruits d’un saint désir.

          Tel est, en effet, le premier degré de la connaissance de Dieu. Accueillir l’enseignement et les conseils des maîtres spirituels d’un cœur attentif, en gardant le silence. Laisse la vérité pénétrer votre cœur et se hâter de mettre en pratique ce que l’on a lu ou entendu, bien loin de prétendre faire la leçon aux autres. Ce ne serait là que triste prétention et vaine gloire, au lieu d’une vraie expérience des choses de Dieu.