Job 42, 7-17

Le bonheur de qui met sa confiance en Dieu

Georgette Chéreau

Job et le mystère de Dieu, Un chemin d’espérance, p. 278s

          Ce récit final ne constitue pas un retour à la situation de départ ; il raconte la foi en l’accomplissement espéré de la promesse de Dieu, fût-ce au milieu des combats et des doutes. Job n’échappe pas à la mort, qui fait partie de la condition de l’homme en ce monde, mais il ne signifie plus qu’il y est abandonné de Dieu.

        L’auteur du livre de Job se souvient de la prophétie d’Ezéchiel : Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit, oracle du Seigneur. Convertissez-vous et vivez. Isaïe annonçait la délivrance du pays de la mort : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur les habitants du sombre pays, la lumière a resplendi. Tu as multiplié la nation, tu as fait connaître sa joie ; ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit à la moisson. La manière dont se réalise la promesse de Dieu est inimaginable. Elle ne peut être dite qu’en nommant les biens, or, troupeaux, années de vie, famille, dont l’homme fait dès maintenant l’expérience, mais leur surabondance, exprimée par le double, indique la confiance en la magnificence du don de Dieu. Ce n’est pas une contrepartie, c’est le déploiement d’une insondable générosité. Les frères et sœurs de Job ne s’étaient pas jusqu’ici manifestés ; leur présence et celle des anciens signifient que Job est rétabli dans son honneur, et que s’instaure une nouvelle communion dans le partage du repas. Le nombre des enfants n’est pas doublé, il représentait déjà l’humanité tout entière, mais les noms des filles résonnent comme ceux de la liberté, de la saveur, de la beauté : Yeminah, la tourterelle, prend librement son vol, Qetsi’ahn la canelle, donne à la nourriture sa saveur, Qèren happuk, la corne à fard, révèle la beauté des yeux des bédouines. La durée de vie de Job dépasse celle de Moïse, façon de dire qu’elle est incalculable.

        Job peut désormais perdre pied sans peur dans l’espérance de ce qui lui adviendra et dont il ignore la forme et le moment. Il a confiance en cet autre mystérieux dont il reconnaît la magnificence et qui lui parle au cœur. Ainsi l’enfanta saute en riant dans le vide, lorsqu’il voit s’ouvrir devant lui les bras de son père, parce qu’il se sait aimé.