Job 13,13 – 14,6

« Il peut me tuer, ma foi en lui demeure »

Saint John-Henry Newman

Sermons paroissiaux, tome 4 : Le paradoxe chrétien, p. 111s

          S’il est une conviction qui ressort souvent de l’Ecriture, c’est Dieu que Dieu est notre seule force, notre seul refuge ; si quelque bien nous est réservé, c’est à lui que nous le devons ; s’il nous est accessible, c’est en recourant à lui.

          Il est un cas où la sagesse en même temps que le devoir de conscience commende de se reposer sur le Seigneur : c’est lorsque nous subissons un châtiment pour nos péchés. Job soutenait qu’il était innocent, ce que niaient ses amis, convaincus qu’ils étaient que ses tribulations résultaient d’un jugement porté sur quelque malice secrète mise alors en lumière. Lui, de son côté, conscient qu’il était de l’intégrité et de la sincérité de sa vie passée, ne pouvait qu’attendre, au sein des ténèbres, que Dieu révélât pourquoi il avait châtié comme un pécheur quelqu’un qui avait été intègre et droit, qui craignait Dieu et se gardait du mal. Or, il peut souvent arriver que des gens aient conscience d’avoir encouru le déplaisir de Dieu, conscience aussi de souffrir pour cette raison ; eh bien, il est alors de leur devoir de garder confiance en Dieu, d’acquiescer à ses châtiments, voire d’y concourir, comme si c’était là une pénitence qu’ils s’infligent à eux-mêmes, et non des coups de bâtons de sa part. Dieu, en effet, est un père miséricordieux, et lorsqu’il afflige ses fils, ce n’est pas de bon cœur ; bien qu’en un sens ce soit en vertu d’un jugement, cependant, en un sens différent et plus élevé, c’est en vertu de sa miséricorde. Il pourvoit en ce qu’un mal intrinsèque tourne au bien : tout en ne suspendant pas cette loi première de son juste jugement selon laquelle la souffrance est la conséquence du péché, il passe outre en faisant de celle-ci un remède en même temps qu’une punition. C’est ainsi que dans sa colère, il se souvient de sa miséricorde. C’est ainsi que tranche  l’auteur de la lettre aux Hébreux, citant les paroles de Salomon : Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur, et ne te décourage pas quand il te reprend. Car celui qu’aime le Seigneur, il le corrige, et il châtie tout fils qu’il agrée. Vous voyez qu’il parle de corriger et de reprendre, mais c’est tout de même dans l’amour. Il est donc de notre devoir d’accueillir comme telle cette correction, et de bénir et louer le Seigneur lorsque nous en sommes l’objet.