Néhémie 9, 22-37

Dieu à l’œuvre pour sauver les siens

Saint Augustin

Discours sur le psaume 105, tome II, p. 572s

          Nos pères n’ont pas compris tes merveilles. Et qu’est-ce sinon la vie éternelle et non un bien temporel, mais le bien immuable que l’on attend par la patience ? Aussi, dans leur impatience, ils se jetèrent dans le murmure, dans les paroles amères, et voulurent placer leur félicité dans les biens présents, biens frivoles et trompeurs. Ils ne se souvinrent point de tes miséricordes. Et les prophètes ont accusé leur intelligence et leur mémoire. Il leur fallait l’intelligence pour comprendre à quels biens éternels Dieu les appelait par ces biens temporels ; et la mémoire pour ne point oublier du moins les prodiges temporels, et pour en conclure, avec une ferme confiance, que Dieu les délivrerait de la servitude de leurs ennemis, par cette même puissance qu’ils avaient éprouvée tant de fois : or, ils oublièrent les prodiges si grands que Dieu avaient opérés en leur faveur pour écraser leurs ennemis. Ils se révoltèrent contre Dieu.

          Toutefois, les prophètes ajoutent que Dieu ne les traita point selon leur infidélité. Il les sauva, disent-ils, à cause de son nom, afin de faire éclater sa puissance, et non à cause de leurs mérites. Oui, Dieu fit trouver des miséricordes à ceux qu’ils avaient prédestinés, car cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde, en présence de ceux qui les tenaient en captivité. Ces ennemis, le diable et ses anges avaient réduit en captivité ceux que Dieu a prédestinés à son royaume et à sa gloire. Mais le Rédempteur, ayant chassé dehors ceux qui dominaient les infidèles à l’intérieur, ils ne les attaquent plus qu’à l’extérieur. Or, leurs attaques ne sont point victorieuses contre ceux qui se retirent dans une tour et se dérobent ainsi à l’ennemi. S’ils nous attaquent, c’est qu’ils sentent qu’il y a chez nous quelques restes d’infirmité qui nous font dire à Dieu : Remets-nous nos dettes, ou encore : Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal. Après avoir chassé tous nos ennemis, Notre Seigneur Jésus-Christ a perfectionné les guérisons dans son corps, lui qui en est la tête et le Sauveur, afin d’être dans ce même corps consommé le troisième jour. Voici ce qu’il dit : Je chasse les démons, je rends la santé aujourd’hui et demain, et le troisième jour je serai consommé, c’est-à-dire, je serai parfait lorsque nous nous rencontrerons tous à l’état de l’homme parfait, dans la force de l’âge qui réalisera la plénitude du Christ.