Proverbes 31, 10-31

Marie-Madeleine servante du Christ consolateur

Père Claude Flipo

Hommes et femmes su Nouveau Testament, 50 portraits bibliques, p. 233s

            La résurrection du Christ, personne n’en fut témoin, sinon les anges. Mais sa manifestation, c’est à Marie-Madeleine, et avec quelle divine délicatesse, qu’il est donné de la voir et de l’annoncer la première. Par trois fois, les anges, puis Jésus lui-même, s’adressent à elle : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Et Marie se retourna par deux fois, les yeux embués de larmes.

            Marie-Madeleine est l’image même de la désolation. Mais, au lieu de fuir ou de s’enfermer comme les disciples, elle cherche, elle insiste, elle interroge les anges, puis Jésus lui-même, à la façon de la fiancée du Cantique des Cantiques. Penchée vers le tombeau, cherchant à saisir ce qui n’est plus, ce qu’on lui a ravi, elle est la figure de l’âme qui cherche Dieu et se désole, murmurant avec le psalmiste : Je n’ai d’autre pain que mes larmes, moi qui tout le jour entends dire : Où est-il ton Dieu ? Elle est le symbole vivant de tous les liens rompus, des tendresses brisées, des espoirs déçus, et plus encore de ces deuils si douloureux, ces pertes de repères, cette absence de signe de Dieu dans notre monde.

            Marie-Madeleine cherchait Jésus dans les signes passés de sa présence. Elle voulait étreindre ses pieds, elle croyait pouvoir le retenir comme avant. Mais Jésus l’envoie vers ses frères : Va dire à mes frères… Car le signe de son nouveau mode de présence, c’est l’amour fraternel, c’est la fraction du pain que l’on partage, c’est l’attention au plus petit d’entre ses frères, devenus les membres de son corps, en particulier ceux qui souffrent. Comme le dira saint Augustin : Voyez l’amour de notre tête. Déjà elle est au ciel, et cependant elle y souffre aussi longtemps qu’ici souffre l’Eglise. Ici le Christ a faim, il a soif, il est nu, il est errant, il est infirme, il est en prison. Tout ce que son corps souffre ici, il dit que c’est lui qui le souffre. Tout comme dans notre corps, la tête est en haut et les pieds sur la terre. Cependant, si, dans la cohue et la bousculade, quelqu’un t’écrase le pied, n’est-ce pas la tête qui dit : Tu m’écrases ? Ainsi le Christ, tête que personne n’écrase, dit : J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger.

            Marie-Madeleine va donc trouver les frères du Christ, ces frères devenus les siens et qui sont dans la peine. La première, elle va se faire auprès d’eux la servante du Christ consolateur. Et c’est ainsi que, désormais, elle va le trouver vivant en elle, vivant en eux, façonnant son corps de ressuscité.