Zacharie 2, 5-17

Les sept flammes du cœur de la Mère de Dieu

Saint Bernardin de Sienne

Fêtes de Notre Dame, Ozon, Sermon 9 sur la Visitation, p. 173s

           Quel mortel, aux lèvres impures, pourrait avoir l’audace de discourir en quelque façon sur la vraie Mère de Dieu et de l’homme, s’il ne s’appuyait fortement sur la Parole divine ? Dieu le Père, avant les siècles, la prédestina à être pour toujours la Vierge très digne ; le Fils la choisit comme Mère ; l’Esprit-Saint la prépara à devenir la demeure de toute grâce.

            En quels termes pourrais-je célébrer, moi si faible, les pensées très hautes de ce cœur virginal, formulées par des lèvres si saintes ? Les langues de tous les hommes et même celles des anges n’y suffisent pas.

            Un homme bon profère de bonnes paroles du trésor de son cœur, dit le Seigneur. Qui trouver de meilleur parmi les êtres les plus saints que celle qui a fait de son cœur et de son sein la demeure de Dieu lui-même ? Quel serait le trésor plus précieux que cet amour, divin dont brûlait le cœur de la Vierge ?

            Du cœur de cette bienheureuse Vierge, comme d’une fournaise de feu divin, ont jailli de belles paroles, des paroles d’un amour très ardent. D’un vase empli d’un excellent vin, il ne peut couler qu’un vin excellent ; d’une fournaise ardente ne s’allume qu’un immense incendie ; ainsi du cœur de la Mère du Christ n’a pu jaillir qu’un verbe, celui de l’amour le plus fort et le plus divin, celui du désir le plus ardent.

            Sept paroles seulement, mais admirables de signification et de force, ont été prononcées par la très bénie Mère du Christ. Avec l’ange, elle ne parla que deux fois ; avec Elisabeth, deux fois aussi ; à son Fils deux fois. Aux serviteurs de la noce, une fois. Ces sept paroles, prononcées dans un ordre et une progression étonnants, selon sept actes d’amour, sont comme les sept flammes de son cœur.

            L’âme aimante, contemplant ces paroles, s’écrie, avec le prophète : Quelles sont douces à mon palais, c’est-à-dire aux affections de mon cœur ! Cette douceur ressentie aux paroles de la bienheureuse Vierge, c’est l‘ardeur d’une pieuse dévotion dont l’âme aimante fait l’expérience.

            Distinguons selon leur ordre ces sept paroles de la Vierge bénie qui sont autant de flammes d’amour. La première est la flamme de l’amour séparant ; la seconde, la flamme de l’amour transformant ; la troisième, la flamme de l’amour de communion ; la quatrième, la flamme de l’amour jubilant ; la cinquième, la flamme de l’amour qui savoure ; la sixième, la flamme de l’amour compatissant ; la septième, la flamme de l’amour consumant.