Agée 2,11-23

Promesses divines

Père Jean Steinmann

Le livre de la consolation d’Israël, p. 221s

           Quel est le sens exact de la consultation d’Aggée auprès des prêtres, consultation qui tourne à la parabole ? La viande a été offerte en sacrifice. Mais son contact ne suffit pas, au dire des prêtres, à sanctifier les aliments ordinaires. En revanche, une personne, souillée par un cadavre, souille et profane tout ce qu’elle touche.

          De quel cadavre peut-il bien s’agir ? Est-ce au Temple de Jérusalem que s’applique l’apologue du prophète ? Négligeait-on de prendre des précautions pour mettre le nouvel autel à l’abri du contact des tombes, nombreuses dans les ruines de la ville ? Il ne semble pas que le prophète vise le cas d’une souillure venue d’un cadavre, il prend un exemple. Ne seraient-ce pas leurs souvenirs du passé qui souilleraient les adorateurs du Temple ? Le passé est comme un cadavre : il corrompt les mémoires.

          On a supposé que l’oracle ne visait pas le Temple de Jérusalem, mais celui des Samaritains, sur le Mont Garizim. C’est peu probable, et Aggée l’aurait dit. Il est possible aussi que le prophète vise les mœurs des paysans de Jérusalem ; le contact avec le cadavre serait symbole de leurs impuretés.

          Quoi qu’il en soit, l’oracle qui suit rejoint le souci de pureté rituelle qu’on trouvait déjà si vivement exprimé dans la thora du prophète Ezéchiel.

          Cet oracle renouvelle les plus anciennes et les plus solennelles promesses de Dieu aux rois de l’ancienne monarchie. Il associe les spéculations sur le Jour de Seigneur, et le triomphe d’Israël sur tous les peuples qu’annonçait Isaïe. Zorobabel doit savoir qu’il hérite de la fonction du Messie. Descendant de David il est le serviteur. L’image du sceau est parfaite : de même qu’un roi scelle de son sceau toute décision prise, Zorobabel sanctionnera les décisions divines et les cautionnera.

          Ainsi à Jérusalem, à la fin de l’année 520, renaissent les espoirs messianiques les plus traditionnels.