Zacharie 3,1 – 4,14

La pierre placée devant Josué

Père Théophane Chary

Les prophètes et le cule à partir de l’exil, p. 149s

           La pierre placée devant le grand prêtre Josué, c’est le temple confié à sa garde. Si cette pierre n’était qu’un ornement du vêtement sacerdotal ou une pierre précieuse destinée à servir de mémorial à la manière des deux chatons fixés sur les épaulettes du grand prêtre dans le livre de l’Exode, le prophète Zacharie n’aurait pas dit que Dieu la place devant Josué. Dans le contexte, cette pierre fait attendre plutôt un objet de dimensions assez grandes, objet confié à la sollicitude de quelqu’un. Une telle pierre ne serait-elle pas la pierre de faîte du temple, pierre dont il sera question de nouveau au chapitre suivant ? Dans le texte de ce jour, le prophète s’occupe du grand prêtre, de ses prérogatives qui l’attendent : elles se rapportent toutes au temple considéré comme achevé.

          La comparaison du temple avec une pierre peut étonner ; elle est assez inattendue en effet, mais nullement extravagante si l’on veut bien regarder au symbolisme inhérent à la pierre : matière résistante de qualité, point d’appui, souvent un fondement. C’est ce symbolisme qu’Isaïe a mis à profit pour opposer la foi en Dieu seul à la fausse sécurité due à la politique. Quelle que soit la façon dont on l’entend, de la foi, de l’alliance ou du Messie, cette pierre représente la stabilité, elle est un point d’appui, une garantie. Le même rôle est attribué par Zacharie au temple, fondement de toute la théocratie future. Le prophète ne songe-t-il pas alors à la pierre de fondation, pierre précieuse sur laquelle repose, par analogie, la construction spirituelle du peuple, édifiée sur la foi.

          L’identification que fait Zacharie de la pierre et du temple nous permet de mieux comprendre certains détails. D’abord l’insistance sur le caractère unique de cette pierre : de fait le temple n’a aucune réplique sur toute la terre, ensuite la présence de sept yeux sur cette pierre lesquels signifient la présence même de Dieu avec son omniscience vigilante au plus intime du sanctuaire. Cette pierre, identifiée au temple à achever, devenue la pierre d’angle, la pierre de faîte, prélude à l’ère messianique. Le Christ parlera de cette pierre, rejetée des bâtisseurs, devenue pierre d’angle ; cette parole, il la prononcera au temple lors d’un de ses enseignements messianiques.