Actes 22,22 – 23,11 – Jean 16,16-23

Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus,

encore un peu de temps, et vous me verrez encore

Saint Augustin

Traité 101, 6 sur l’évangile de Jean, OC 10, p. 335s

          Mes bien-aimés, nous dit saint Jean, nous sommes maintenant les enfants de Dieu ; mais ce que nous serons un jour ne parait pas encore. Mais nous savons que, quand il viendra dans sa gloire, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Cette vision n’est point le partage de la vie actuelle, mais de la vie future. Quand verrons-nous et vivrons-nous cette vie future ? Encore un peu de temps, dit le Seigneur, et vous ne me verrez plus ; encore un peu de temps et vous me reverrez.

          Ce peu, c’est tout l’espace de temps que traverse le siècle présent, et dont saint Jean dit dans une de ses lettres : Nous sommes à la dernière heure. Comme le remarque les apôtres, le Seigneur n’a pas dit qu’il serait soustrait à leurs regards entre sa mort et sa résurrection seulement, mais qu’il allait au Père ; et c’est ce qu’il fît après qu’il fût ressuscité, et s’être montré proche d’eux pendant quarante jours. Ce n’est qu’alors qu’il monta au ciel. Quant à ce qu’il ajoute, Encore un peu de temps et vous me verrez encore, c’est ce qu’il promet à toute l’Eglise, de même qu’il promet à toute l’Eglise : Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles.

          Le Seigneur n’est pas lent à réaliser sa promesse : Un peu de temps, et nous le verrons ! Là où nous ne demanderons plus rien, là où ne poserons plus de questions, parce qu’il ne restera rien à désirer, rien à souhaiter. Ce peu de temps nous semble long, parce qu’il dure encore ; quand il aura pris fin, alors nous verrons combien il était court !

          Que notre joie ne ressemble donc pas à celle du monde, dont il est dit : Le monde, lui, se réjouira. Et cependant, tristes comme nous sommes pendant l’enfantement de ce que nous désirons, ne soyons pourtant pas sans joie ; mais, comme le dit l’apôtre : Soyons joyeux dans l’espérance, patients dans la tribulation. Car la femme qui enfante, c’est à elle que le Seigneur nous compare : elle se réjouit de la naissance prochaine, plus qu’elle n’est triste de la présente douleur.